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Conflit Kinshasa-Kigali : les États-Unis veulent légaliser l’exportation des minerais congolais via le Rwanda pour mettre fin à la guerre 

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Le président Félix Tahisekedi, Massad Boulos, conseiller principal du président américain Donald Trump pour l’Afrique et le président Paul Kagame [photo d'illustration]
Le président Félix Tahisekedi, Massad Boulos, conseiller principal du président américain Donald Trump pour l’Afrique et le président Paul Kagame [photo d'illustration]

Par Gloire Balolage 

Les États-Unis s’impliquent activement dans des négociations de paix entre la RDC -République démocratique du Congo- et le Rwanda, avec l’ambition de transformer un conflit régional en opportunité économique. Ces discussions pourraient permettre au Rwanda de traiter légalement des minéraux extraits en RDC -République démocratique du Congo-, dans le cadre d’un accord diplomatique à venir.

Selon l’agence Reuters, trois sources proches du dossier ont révélé que cet accord, encore à l’état de projet, pourrait légitimer l’exportation de minerais congolais vers le Rwanda, pour y être traités. Il s’agirait d’une tentative pour encadrer un commerce longtemps entaché d’illégalité et de violences, dans une région en proie à un conflit persistant depuis plusieurs décennies.

L’est de la RDC regorge de ressources minières précieuses, notamment l’étain, le tantale et le tungstène. Ces minerais, essentiels à l’industrie mondiale de l’électronique, ont attisé les convoitises et nourri les tensions entre Kinshasa et Kigali. Depuis longtemps, Kinshasa accuse le Rwanda d'exploiter illégalement ces richesses, en soutenant des groupes rebelles comme le M23/AFC.

Depuis janvier, les combats entre les Forces Armées congolaises et les rebelles du M23/AFC ont redoublé d’intensité, avec des accusations répétées contre Kigali. Le Gouvernement congolais affirme que des quantités massives de minéraux, d’une valeur de dizaines de millions de dollars par mois, sont passées en contrebande au Rwanda, pour y être revendues sous un étiquetage légal.

Massad Boulos, conseiller principal du Président américain Donald Trump pour l’Afrique, a indiqué à Reuters que Washington souhaitait un accord de paix global d’ici juin. Celui-ci inclurait des clauses économiques ambitieuses, pour attirer des investissements occidentaux à hauteur de plusieurs milliards de dollars dans la région.

Dans un message publié sur le réseau social X, il a révélé que les États-Unis avaient soumis un premier projet d’accord aux deux parties. Les détails de ce document restent, cependant, confidentiels pour l’instant.

D’après deux diplomates et une source onusienne proches des négociations, l’accord pourrait ouvrir la voie à un raffinage au Rwanda des minerais extraits dans les zones artisanales de l’est congolais, encore largement hors de tout contrôle étatique ou formel.

«Leur point de vue est simple : si le Rwanda peut légitimement bénéficier des minéraux du Congo par le biais de la transformation, il sera moins tenté d'occuper son voisin et de piller ses ressources», a déclaré l’un des diplomates interrogés par Reuters.

Du côté congolais, un haut responsable, qui a souhaité garder l’anonymat, a souligné que toute forme de coopération économique dépendait du retrait préalable des troupes rwandaises et des groupes armés soutenus par Kigali, notamment le M23, qui contrôle actuellement plus de territoires qu’à aucun autre moment depuis sa création.

Le même responsable a insisté sur la nécessité de respecter la souveraineté congolaise sur l’ensemble de ses ressources naturelles. «Le Rwanda doit reconnaître notre souveraineté sur tout, y compris nos minéraux», a-t-il affirmé.

Les États-Unis y voient également une opportunité stratégique. Un accord structurant dans le secteur minier renforcerait leur accès, et celui de leurs alliés, à des ressources largement dominées jusqu’ici par la Chine, acteur dominant dans l’exploitation minière en Afrique.

Un porte-parole du département d'État américain a confirmé que la RDC et le Rwanda s’étaient engagés, dans une déclaration signée à Washington le mois dernier, à mettre en place des «chaînes de valeur minérales transparentes, formalisées et licites, de la mine au métal transformé», avec l’appui du Gouvernement et d’investisseurs américains.

Les détails précis sur les montants en jeu et les entreprises impliquées n’ont pas encore été dévoilés. Cependant, Boulos a indiqué que les discussions avaient impliqué jusqu’à 30 investisseurs américains potentiels, intéressés par des opérations au Rwanda, notamment dans le domaine du traitement en aval des minerais.

Il a également précisé que la Société américaine de financement du développement international (USIDF) fournirait un soutien financier total à ces investissements. Cette agence vise à mobiliser des fonds privés en faveur des objectifs stratégiques américains à l’étranger.

«Un accord minier ne peut pas apporter la paix. Ces projets prendront trois, cinq ou dix ans», a confié un autre diplomate à Reuters. Avant de conclure :«Il y a des problèmes immédiats et des causes profondes qui doivent être traitées

Mercredi 21 mai 2025 - 13:02