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Rutshuru : quand le café attire les voleurs et fait trembler les champs !

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Recolte d’une cerise de café [photo d’illustration]
Recolte d’une cerise de café [photo d’illustration]

Par Prehoub Urprus

Dans les plaines fertiles de Rutshuru, au Nord-Kivu, un nouvel ennemi ronge les espoirs des paysans : le vol. Discret, méthodique et de plus en plus fréquent, ce phénomène sème la panique parmi les cultivateurs, notamment dans les groupements de Bukoma et Binza, où les plantations de café sont devenues des cibles privilégiées.

Longtemps négligé à cause de sa faible rentabilité, le café connaît aujourd’hui un regain d’intérêt. Et avec ce réveil du marché, les convoitises se multiplient. Le prix du kilo, qui plafonnait à peine un dollar, se négocie désormais entre 7.000 et 8.000 FC. Résultat : les voleurs affluent, parfois plus vite que les acheteurs.

"Même les tiges ne sont plus épargnées", déplore un producteur de Katoro. À Bukoma, de Kibututu à Kinyandonyi, les cultivateurs racontent comment leurs plants sont systématiquement dépouillés, parfois avant même la maturation des grains. Les plaintes se ressemblent : les voleurs agissent de nuit, connaissent les cycles agricoles et n’hésitent pas à tout arracher.

Pour Jonas Mafuta, un paysan de Kiwanja, le phénomène s’explique par plusieurs facteurs :

"Il y a d’abord l’attractivité nouvelle du café. Ensuite, très peu de gens le cultivent encore, donc l’offre reste faible. Et surtout, le chômage pousse une partie des jeunes à basculer dans le vol agricole pour survivre."

Et le café n’est pas seul sur la liste. À Binza, César Mahamba témoigne d’une stratégie bien rodée des voleurs : "Ils se font passer pour des poseurs de pièges. En réalité, ils repèrent nos champs. On ne peut plus garder les bananes, les palmiers ni même attendre la récolte du café. Tout disparaît avant."

Ce climat d’insécurité agricole compromet les efforts des producteurs locaux, à l’heure où les cultures commerciales pourraient représenter un levier de relance économique dans cette zone meurtrie par l’instabilité sécuritaire. Si rien n’est fait, préviennent les cultivateurs, "Rutshuru risque de perdre bien plus que ses récoltes; mais aussi sa confiance dans l’avenir rural."

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Mercredi 14 mai 2025 - 19:05