Par Bijou NDJODJI BATEKO
Jeudi, 08 février 2024, la Cour constitutionnelle rejette les 64 requêtes des candidats députés nationaux invalidés par la CENI -Commission électorale nationale indépendante-.
Contexte
À la suite des enquêtes menées par la CENI, au terme des législatives du 20 décembre dernier, les suffrages de 81 candidats députés nationaux avaient été annulés, pour fraude électorale, corruption, incitation à la violence, destruction des matériels électoraux et détention illégale des dispositifs électroniques de vote.
Lésés et frustrés, les invalidés avaient saisi la Haute Cour. Normal. Ils étaient dans leurs droits. Surtout qu'ils jouissaient de la présomption d'innocence.
Parmi les invalidés figurent les gouverneurs de province. Dont Gentiny Ngobila de Kinshasa, Bobo Boloko Bolumbu de l'Équateur et César Limbaya de la Mongala.
Une suspension éclair
Pour sauver l'image de la République, le Vice-premier ministre en charge de l'Intérieur, Sécurité et Affaires coutumières avait suspendu les gouverneurs incriminés, même si ces derniers jouissaient encore de la présomption d'innocence.
Fort malheureusement, la décision de Peter Kazadi a été, à tort, mal perçue par d'aucuns, au point de faire croire à l'opinion que c'est Gentiny Ngobila qui était visé.
Sous pressions ou mauvais calculs -c'est selon-, il y a eu rétropédalage côté VPM Peter.
Du coup, l'opinion a été surprise de voir les gouverneurs suspendus être réhabilités dans leurs fonctions, quoiqu'impliqués dans la fraude électorale.
... Pourtant Kazadi avait raison
Aujourd'hui que la Haute Cour vient de rejeter les requêtes des candidats députés nationaux invalidés par la Centrale électorale, cela sous-entend que les soupçons de fraude électorale pèsent gravement sur eux. Y compris sur les gouverneurs suspendus puis réhabilités par le patron de la Territoriale rd-congolaise.
Ce qui donne aujourd'hui raison au numéro un des Affaires intérieures, pour avoir vu loin, en suspendant ces gouverneurs, avec le double objectif de les mettre à la disposition de la Justice, et de mettre les provinces à l'abri de ces "délinquants électoraux".
Dégâts et dérapages constatés
Si Peter Kazadi avait mesuré l'ampleur des dégâts que ces gouverneurs commettaient, il ne les aurait jamais réhabilités.
Fort malheureusement, c'est ce qui est advenu.
À Mbandaka, chef-lieu de la province de l'Équateur, Bobo Boloko Bolumbu, qui se comporte en tyran, a ordonné à sa garde rapprochée d'agresser la directrice provinciale de la RTNC/Équateur.
À Kinshasa, le "tout puissant" Gentiny Ngobila, qui se croit intouchable et inamovible, défiant quiconque, même sa hiérarchie, vient de passer à la vitesse supérieure après sa réhabilitation, en procédant au remaniement du gouvernement provincial.
Cela, sans parler du conflit latent visible dans les initiatives sur le terrain, entre lui et son adjoint, qui, à sa suspension, assurait son intérim.
Vivement les poursuites
Dans son discours d'investiture, le Président de la République avait promis que les erreurs du passé ne se reproduiront plus jamais, et qu'il ne peut pas travailler avec les tricheurs.
Maintenant que la Cour constitutionnelle a rejeté les requêtes des "fraudeurs électoraux", c'est que les griefs pour lesquels la CENI avait annulé leurs suffrages sont autant d'éléments constitutifs d'infractions, qui pourront, sans nul doute, permettre au Procureur général près la Cour de Cassation, Firmin Mvonde Mambu, de les poursuivre.
Ce sera, pour la Justice congolaise, une manière de donner un signal fort sur la fin de l'impunité et la consolidation de l'État de droit, d'une part, et, de l'autre, d'accompagner le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, dans sa vision de la rupture avec le passé.
Les suspensions à nouveau
Rien n'est donc trop tard pour le patron de la Territoriale rd-congolaise, de suspendre à nouveau ces gouverneurs impliqués dans la fraude électorale et la détention illégale des dispositifs électroniques de vote.
Ce n'est qu'à ce prix que ces gouverneurs "fraudeurs" seront mis à la disposition de la Justice, et Peter Kazadi sortira ainsi lavé de tout soupçon de complaisance qui pèse sur lui.