Par Prosper Buhuru
Huit élus nationaux de Rutshuru et Masisi, deux territoires pourtant écartés pour l'enrôlement par la CENI à cause de l'insécurité dans la province du Nord-Kivu, se sont dits favorables à l'installation des bureaux de réception et traitement des candidatures à Goma, chef-lieu de la province.
Dans une correspondance adressée au président de la CENI ce lundi 03 juillet 2023, ces huit députés nationaux disent que la décision de reporter la réception et traitement des dossiers des candidats de Rutshuru et Masisi crée une psychose au sein de la population qui, à son tour craint sa mise à l'écart du processus électoral. «Le chef-lieu de Masisi n'étant pas sous menace, la CENI peut ouvrir le BRTC et même si cela n'était pas possible, l'opération pourrait se faire à Goma, de même que pour les territoires de Rutshuru et Nyiragongo» indiquent-ils.
Pour ces députés nationaux, par cette décision d'écarter Rutshuru et Masisi est une volonté d'autant plus que le gouvernement congolais a croisé les bras dans cette question préférant garder le statuquo, comme si l'occupation de Rutshuru et Masisi par les M23 ne fait plus partie de ses préoccupations. D'ailleurs, ces représentants de la population à l'Assemblée Nationale estime qu'il n'y a aucune entité actuellement contrôlée par les terroristes M23 et ses supplétifs de l'armée rwandaise et ougandaise. Ce qui revient à dire que la centrale électorale devrait immédiatement entamer les processus d'identification et enrôlement des électeurs dans ces zones jadis privées de la révision du fichier électoral.
«Il convient de rappeler qu'une très grande partie de Masisi, soit 16 groupements sur 19, est sous contrôle du Gouvernement et que les 3 autres sont en partie sous la responsabilité du Gouvernement et du contingent Burundais . Il n'y a donc aucun obstacle majeur pour l'enrôlement des électeurs. Pour Rutshuru, sur 14 groupements , 5 sont sous contrôle du Gouvernement , 6 sous contrôle du contingent Ougandais et 3 sous contrôle des Kenyans. Nous estimons donc qu'il est aussi possible, avec l'appui des partenaires, de procéder à l'identification et l'enrôlement des électeurs. C'est pourquoi, nous recourons à votre sagesse ainsi qu'à celle de toutes les autorités qui nous lisent en copie, afin d'intégrer ces populations dans le processus électoral , étant donné que c'est un droit fondamental pour chaque citoyen» souligne ces députés nationaux.
Il sied de preciser que les députés de Rutshuru et Masisi signataires de cette correspondance sont : Mugiraneza Ndizeye Jules, Katembo Muhindo Désiré, Maguy Rwakabuba Ribagiza, Safari Nganizi Jacques, Ndayishimiye Harerimana Justin, Jean-Luc Mutokambali Ngerangeze, Sebujangwe Kirivita Bertin, Gachuruzi Shally Boniface.
Sans tarder, la société civile du territoire de Rutshuru réagit en ces termes: «C'est vraiment aberrant, 6 groupements sous contrôle de l'EACRF? Mon Dieu! L'EACRF ne contrôle aucun groupement, elle contrôle plutôt quelques lieux dans différents villages.
✓ Dans Gisigari: Rumangabo: les kényans et les sud soudanais contrôlent seulement le camp militaire de Rumangabo, le reste des villages c'est le M23,
✓ Dans Rugari: aucun village,
✓ Dans Jomba : elles contrôlent le Kibaya et Tshengerero, le reste c'est le M23, même la douane de Bunagana,
✓ Dans Bweza: elles contrôlent nulle part,
✓ Dans Bukoma : elles contrôlent Mabenga où il n'y a même pas la population.
✓ Dans Busanza: elles sont absentes:
✓ Dans Binza: RAS
✓ Dans Tongo: elles contrôlent la résidence de feu Kasuku, Le reste c'est le M23.
Avec ça, quels sont les 6 Groupements contrôlés par l'EACRF? c'est vraiment horrible» répond Jean-Claude Bambanze président de la société civile de Rutshuru.