
Par Serge Mavungu
Après le décès, depuis le 11 août dernier, à Kinshasa, d'Assani Wa Losomba Emmanuel, concepteur des premières armoiries de la RDC -République démocratique du Congo-, utilisées pendant la première et deuxième République, sa famille avait, avec enthousiasme, appris la décision du Gouvernement de la République, lors d'un Conseil des ministres, d'organiser des funérailles dignes de ce grand artiste, et sa décoration à titre posthume, ainsi que la reconnaissance de son œuvre d’esprit par la République. Et ce, conformément à l’Ordonnance-Loi N°86-033 du 05 avril 1986 relative à la protection des droits d’auteurs et des droits voisins.
À cet effet, la famille de l'illustre disparu avait remercié le Chef de l'État, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, pour son implication personnelle dans ce dossier. C'est ainsi que comme il y a le volet protection des droits d’auteurs et des droits voisins, les enfants du défunt Assani Wa Losomba ont approché le PCA de la SOCODA, Jossart Nyoka Longo à ce sujet.
"Notre souhait était que notre papa puisse, de son vivant, bénéficier de ses droits auteurs. C'est ce qui justifie, d'ailleurs, sa présence à Kinshasa, où il aurait dû être reçu par le Chef de l'État, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Malheureusement, le Seigneur en a décidé autrement. Puisqu'en effet, il avait approché les responsables de la SOCODA, à Kinshasa, à ce propos, et l’expertise de son œuvre au niveau de la SOCODA a été faite par le DG a.i, Joe Mondonga Moyama, Expert assermenté de la gestion collective des droits d'auteur et droits voisins. Nous tenons, à cet effet, à remercier aussi le Président Jossart Nyoka Longo et toute son équipe, qui ont pris en charge nos titres de voyage, pour notre arrivée à Kinshasa", disent les enfants de l'illustre disparu.
Et de souligner: "Nous tenons à ce que le corps de notre papa soit rapatrié à Kisangani, où il va se reposer pour l'éternité, et que nous touchions, dans un bref délai, ses droits d'auteur."
À ses interlocuteurs, le PCA de la SOCODA, Jossart Nyoka Longo, a souligné qu'il est de leur devoir de contacter les autorités du pays, suivant leur disponibilité, pour que ces dernières les écoutent, de préférence avant les obsèques de papa Assani.
"Le vœu de la famille est que papa Assani soit inhumé à Kisangani", a martelé Jossart Nyoka Longo.
Le DG a.i de la SOCODA, Joe Mondonga Moyama, a, en outre, rappelé que "à 14 ans, alors élève au quatrième des humanités à l’athénée Royal de Stanleyville (actuel Kisangani), le jeune Assani a répondu à l’appel du Chef de l’État Kasa-vubu, en participant au concours sur les meilleurs dessins des armoiries pour la République, contenu dans un communiqué rendu public le 18 juillet 1961. C’est un mineur qui a conçu ces armoiries comme tous participants. Il a gravé sur la pierre Paix, Justice, Travail. Donc, le jeune Assani avait une grande pensée, le niveau de son talent artistique était très haut".
À l'en croire, seule l’œuvre d’Assani a été adoptée à l’unanimité par les parlementaires de la première législature de la République démocratique du Congo, parmi les dessins venus de toutes les provinces du pays. Et le rapport d’adoption du Parlement a permis au Chef de l’État Kasa-vubu de pouvoir promulguer l’ordonnance N°2 du 30 juin 1963, fixant les armoiries, devises et les emblèmes de la République.
"Ces armoiries ont été promulguées officiellement par l’État congolais. Cette œuvre d’Assani a servi la République pendant 34 ans, allant de la période du 30 juin 1963 au 17 mai 1997, comme image de marque de la 1ère République (Sous Kasa-vubu) et de la deuxième République (sous Mobutu), à travers plusieurs diffusions, reproductions et sur différents supports, afin de leur réception par le public", a constaté Joe Mondonga.
"L’œuvre d’Assani Wa Losomba est devenue une œuvre relevant du domaine de la souveraineté. Tous citoyens devaient l’exploiter et l’utiliser. Au vu de toutes ces exploitations, depuis les années 1960, Monsieur Emmanuel Assani a tenté plusieurs fois de saisir formellement les autorités politiques du pays de différentes instances de la République. Malheureusement, toutes ses tentatives amorcées se sont heurtées aux fins de non-recevoir, jusqu’au jour où nous avons fait l’expertise de son œuvre au niveau de la SOCODA. Alors que je le recevais dans mon bureau, sur invitation à Kinshasa du Chef de l’État, il avait déjà 75 ans. Il était arrivé déjà au soir de sa vie. Assani n’a pas joui de ses droits d’auteur à 77 ans", a rapporté le directeur général a.i de la SOCODA, Joe Mondonga Moyama.
Et d'ajouter: "Quand Mobutu a pris le pouvoir, les mêmes armoiries ont été utilisées par la République, sans une récompense pécuniaire à son auteur. Assani a été plutôt élevé au rang des dignitaires des ordres nationaux de la République, en tant que créateur. Malgré cette reconnaissance, sa rémunération devait être proportionnelle à sa réalisation, en termes des droits d’auteur. Ce qui n’était pas fait", a-t-il renchéri.
Les droits d'auteur étant un salaire différé, le DG a.i de la SOCODA s'est réservé d'avancer la hauteur de l'enveloppe qui devrait être rétribuée à titre posthume à la famille d'Assani.