
Par la Rédaction
Deux journées de recherche sur l’art de la performance se sont tenues à Kinshasa, à la Halle de la Gombe, organisées par le collectif Farata et Krithika Art Project, en collaboration avec l’Institut Français de Kinshasa. Le but de cette 2ème édition "Kin Etelemi telemi" est de baliser la voie au développement de ce courant artistique contemporain, encore parent pauvre de la scène congolaise même du point de vue conceptuel.
Pour une bonne appréhension, ces conférences, en la salle de projection, ont été condensées avec des spectacles de performances à la Petite Halle. Une manière de donner une certaine visibilité à la performance artistique, valoriser sa production et favoriser sa documentation de cette forme d’art hors norme, qui, de fois, peine à être représenté sur scène à Kinshasa. Conférence intergénérationnelle pour des bonnes références, Kin Etelemi telemi a donné lieu à une coalescence progressive académicienne et artistique. Sont passés sur l'estrade, que de panelistes de haute facture, grands théoriciens de l'art contemporain, témoins de l'éclosion de cette dernière. Il s'agit donc du Professeur et Directeur du Musée National de la RDC, Henry Bundjoko, du Chef des Travaux à l’Académie des Beaux-Arts, Charles Tumba Kekwo, et de la Théoricienne de l'art, Eléonore Hélio.
Des interventions musclées et enrichissantes des académiciens ont étanché la soif de connaissance du public, par la quintessence des thématiques. «De la performance corporelle dans la société traditionnelle africaine», est le thème abordé de manière magistrale par le Professeur Henry Bundjoko, responsable de l’étude recherche et patrimoines. «Nous devrons être fiers de nos origines. L’artiste doit comprendre qu’il est unique et exprimer sa particularité.» Le critique d’art Charles Tumba Kekwo a, quant à lui, éclairé les lampions sur l’attribution du label art-contemporain comme étant un nouveau genre et un enjeu majeur de la création. Le Chef des Travaux à l’Académie des Beaux-Arts Tumba Kweko s’est appesanti sur l’évolution de la perception du corps dans l’art, et sa représentation dans la culture. Exhortant de sortir du conformisme de l’art classicisme.
Partage intergénérationnel de l'art contemporain et Perf
L'un des pionniers, Pathy Tshindele, en sa casquette de président du Collectif «Eza Possible», non pas sans réminiscence de pionnier, a retracé l'histoire de l'art contemporain en RD Congo, marqué par l'expérimentation Eza Possible.
Prisca Tankwey, artiste plasticienne et performeuse en plus de sa toque d’enseignante, a présenté le parcours élogieux de sa performance dénommé «Léopoldville Mourning» (la mort de Léopoldville). Cette performance a parcouru trois grandes villes historiques et symboliques. Kinshasa (actuelle Léopoldville), Berlin (lieu de la tenue de la conférence de Berlin pour la répartition de l'Afrique) et, enfin, Bruxelles (Capitale de l'Europe et métropole coloniale congolaise). Sarah Ndele, artiste performeuse et Coordinatrice du Collectif organisatrice de l'événement, est, à son tour, revenue sur sa performance intitulée "Sortir du carcan".
Des prestations happening et hardcore XL très émouvantes
Comme espace discursif de prédilection, cette conférence de Kin Etelemi telemi sur l'art performance a permis de légitimer les théories académiques sur l'histoire et l'évolution perspective, les actions des artistes dans leurs formes respectives diverses, et de clarifier les points de vue du public quant à ce. En sus, des performances époustouflantes des artistes kinois de l'art contemporain du Collectif hôte, Farata, aussi des collectifs Libongo et Mpeve conviées à cette fête de la perf.
Les prestations
Les artistes du Collectif Libongo, Mpeve et de l’hôte Collectif Farata ont représenté sur la scène de la petite halle, devant un public attentionné, des prestations délirantes et originales, telles que les happenings de Bobo Lomboto, Pathy Kitete avec l’homme miroir (performance miroir brisé) et le hardcore avec Mohamed Lisongo, qui vont jusqu’à la mutilation du corps pour un message de retour à la source ancestrale, en réponse aux orientations des panelistes. Les artistes ont tiré profit, non seulement des encouragements, mais aussi l'appel à leur rétractation sur les degrés de déviance par rapport à un type prédéfini, ou à un mimétisme formalisant une discipline qui prône la singularité, spontanéité, créativité et originalité, basé sur l'engagement sociétal. En intégrant les valeurs traditionnelles, pour faciliter l'irruption surprenante de notre identité, en vue d'une particularité congolaise inédite.
Sous l’égide de Jean Kamba, coordonnateur de Krithika Art Project, les théories exposées sur l'art performance ont jeté le pont sur la construction des repères de la diversité possible de cette forme de l’art contemporain, auquel existe très peu de contenu dans le contexte congolais.