Nouvel engagement des États-Unis envers la RDC et les Grands Lacs : quel rôle pour Massad Boulos ? (Analyse du GEC)

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Massad Boulos, envoyé spécial du Président américain reçu à Kinshasa par le Président Félix Tshisekedi, à la Cité de l'Union Africaine [photo d'illustration]
Massad Boulos, envoyé spécial du Président américain reçu à Kinshasa par le Président Félix Tshisekedi, à la Cité de l'Union Africaine [photo d'illustration]

Par la Rédaction 

Chaque semaine, ce podcast vous propose une analyse approfondie d'une question d'actualité en RDC -République Démocratique du Congo-. Dans cette analyse, Joshua Walker, directeur de programme du GEC -Groupe d'Étude sur le Congo-, nous donne son point de vue. Il s'agit du 13e épisode de Po Na Biso, réalisé en collaboration avec le GEC et Ebuteli.

Le 1er avril, le Département d'État américain publie un communiqué annonçant la nomination de Massad Boulos comme conseiller principal pour l'Afrique. Il effectue une mission à partir du 3 avril en RDC, au Rwanda, en Ouganda et au Kenya, pour «faire avancer les efforts pour une paix durable à l'est de la RDC et promouvoir l'investissement du secteur privé américain dans la région.» Qui est Massad Boulos, et quel rôle pourra-t-il jouer dans le processus de paix au Congo et les relations entre la RDC et les États-Unis d'Amérique ?

Né au Liban en 1971, Massad Boulos se fait connaître du public américain comme le beau-père de Tiffany Trump, la fille du Président américain. Annoncé comme conseiller principal auprès du Président aux Affaires arabes et au Moyen-Orient en 2024, Boulos s'est vu confier un autre portefeuille -celui de l'Afrique- cette semaine. Pressenti d'abord comme conseiller principal pour les Grands Lacs, il finit par être nommé conseiller pour toute l'Afrique. Boulos a passé une bonne partie de sa vie professionnelle au Nigeria : il a travaillé à Lagos pour un concessionnaire de camions et de machines appartenant à son beau-père et y a entrepris d'autres initiatives dans le secteur privé.

Tout comme celui du représentant Ronny Jackson, le poste qu'occupe Boulos -conseiller principal- est différent de celui d'un envoyé spécial. Ce dernier doit être confirmé par le Sénat. Boulos dispose d'un bureau au Département d'État, mais en tant que membre de la famille présidentielle, il a un accès privilégié au chef de l'État américain.

Par cette nomination, il devient le haut représentant pour l'Afrique de l'administration Trump, dans un contexte où plusieurs postes stratégiques restent vacants. La nomination de l'ambassadeur J. Peter Pham, ancien envoyé spécial des États-Unis pour la région des Grands Lacs et fortement pressenti comme secrétaire d'État adjoint aux Affaires africaines, n'a pas encore eu lieu. Et les trois candidats successifs au poste de directeur principal pour l'Afrique au Conseil national de sécurité ont tous fini par échouer, n'ayant pas pu franchir l'étape du processus de présélection du bureau du personnel de la Maison-Blanche.

La nomination de Boulos intervient à un moment où Kinshasa tente de conclure un «deal minéraux contre sécurité» avec Washington. Le 3 avril, il a rencontré le Président Félix Tshisekedi à Kinshasa. À l’issue de cette entrevue, Boulos a annoncé avoir convenu avec le Président Tshisekedi d’une «voie à suivre», pour l’élaboration de cet accord. 

Cependant, le manque de détails concrets soulève, pour l’instant, beaucoup de questions quant à la faisabilité d’un tel accord. Le conseiller principal pour l’Afrique auprès du Président américain a également déclaré que les États-Unis souhaitent le retour d’une «paix durable qui affirme l’intégrité territoriale de la RDC et qui jette les bases d’une économie régionale florissante.» D’ailleurs, après Kinshasa, Massad Boulos doit se rendre, ensuite, au Rwanda, au Kenya et en Ouganda. 

Sa visite à Kinshasa constitue donc un signal important, mais reste loin d’un tournant décisif. Et, pour l’instant, on ne sait pas quel degré d’influence il aura sur la politique américaine dans la région. Entre temps, l’occupation du territoire congolais par les troupes rwandaises et le M23 continue et s’approfondit.

Samedi 5 avril 2025 - 08:27