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RDC: le député Patrick Munyomo vent debout contre la création d’Air Congo

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Patrick Munyomo, député national et président de la sous-commission Transport et développement rural à l'Assemblée nationale
Patrick Munyomo, député national et président de la sous-commission Transport et développement rural à l'Assemblée nationale

Par Gabin K.

«La création de cette nouvelle compagnie Air Congo est inopportune». Cette déclaration du député national Patrick Munyomo Basilwango frappe à l’esprit de tout lecteur de sa correspondance du 6 mai 2022 adressée au Président de la République Félix Tshisekedi dans le seul but d’obtenir la «surséance de cet accord au partenariat qui a été signé entre le Gouvernement congolais et Ethiopian Airlines» en vue du lancement d’Air Congo

En s’opposant à cette démarche du ministre des Transports Chérubin Okende, Patrick Munyomo s’arme d’un argumentaire «solide et pertinent», développé sur 5 axes. Le premier de ces axes est construit sur un ton interrogatif et interpellateur. 

*Des résultats nets déficitaires pour Air Congo*

«Congo Airways a été créée en 2014 avec une flotte de 4 avions d’occasion, dont 2 Airbus A320 et 2 Bombardier Q400, achetés par l’Etat Congolais au moment où la RDC n’avait qu’un budget de 4 milliards USD. 7 ans après, avec un budget plus que doublé, soit 10 milliards USD, pourquoi doit-on prendre des avions en leasing (ACMI) auprès d’Ethiopian Airlines endettée de plus de 2 milliards USD plutôt qu’auprès de grandes sociétés dont la vocation est d’acheter et de payer progressivement des avions? Et si la nouvelle compagnie aérienne nationale connaissait les mêmes difficultés que Congo Airways, le prochain ministre des Transports va-t-il créer une énième compagnie aérienne nationale?», interroge le président de la sous-commission Transport et développement rural à l’Assemblée nationale qui pressent des «résultats nets déficitaires» pour Air Congo.

«Selon l’accord, Air Congo sera dotée des avions appartenant à Ethiopian Airlines, (avec équipage: pilotes, hôtesses, mécaniciens et techniciens). Le comité de gestion sera entre leurs mains (le Directeur général, le Directeur technique, le Directeur financier, le Directeur des opérations aériennes, le Directeur des opérations sol, etc.) en ne laissant à la RDC que les postes de Président du Conseil d’administration (qui sera occupé par Chérubin Okende) et les postes d’exécution. Avec cette disposition, il ressort clairement qu’Ethiopian Airlines pourrait bénéficier plus de cet accord (ses apports seront rémunérés en amont) que le Gouvernement congolais dont les apports ne seront pas rémunérés du fait que les résultats nets seront déficitaires», prévient Patrick Munyomo, dont le ton est monté d’un cran quand il a évoqué le renforcement des capacités de l’Autorité de l’aviation civile congolaise par Ethiopian Airlines, conformément à l’accord conclu avec Kinshasa. 

Le plaidoyer pour le redressement de Congo Airways

«Le ministre des Transports a affirmé qu’Ethiopian Airlines renforcera les capacités de l’Autorité de l’aviation civile congolaise pour le respect des normes internationales. Ceci constitue une insulte à l’Etat Congolais. Comment comprendre qu’un exploitant devienne une autorité de régulation d’une autorité de régulation et de supervision de la RDC? L’Ethiopie accepterait-elle que Congo Airways soit le régulateur de l’aviation civile éthiopienne?», fustige cet élu du peuple, tout en taclant sévèrement Chérubin Okende qui s’est arrogé le pouvoir d’Adèle Kayinda.

«Comment comprendre qu’un ministre des Transports se substitue au ministre ayant le portefeuille dans ses attributions pour rédiger les statuts d’une société à économie mixte, à en fixer le capital, la répartition des actions et en déterminer les organes de gestion. Je suis en train de sentir une dose politique que technique dans le partenariat signé entre Ethiopian Airlines et le ministère», avance-t-il.

En outre, il est aussi clair que l’eau de la roche, que dans sa correspondance au Chef de l’Etat, le député Patrick Munyomo plaide en faveur du «redressement de Congo Airways». Il croit dur comme fer que cela «est possible». D’où sa suggestion «d’orienter les réflexions vers la possibilité d’agrandir sa flotte par des achats et locations d’avions afin de continuer à servir efficacement notre population et poursuivre le désenclavement du pays».

Samedi 7 mai 2022 - 06:25