RDC : Denis Mukwege alerte sur le risque de balkanisation et appelle à une mobilisation nationale

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Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix 2018
Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix 2018

Par Prehoub Urprus 

Le Prix Nobel de la paix, le Dr Denis Mukwege, a une nouvelle fois dénoncé avec force la situation dramatique qui prévaut dans l’est de la République démocratique du Congo. À l’occasion de la commémoration, le 2 août 2025, du début de ce qu’il appelle "la deuxième guerre du Congo", le Dr Mukwege a dressé un tableau sombre mais lucide de la crise sécuritaire et humanitaire dans les Kivus.

Dans son message, il s’insurge contre le "plan de balkanisation de la RDC" qui se poursuit, selon lui, inexorablement. Il accuse les rebelles du M23-AFC, appuyés par l’Armée rwandaise, d’instaurer un climat de terreur dans les zones minières congolaises, afin d’imposer une autonomie de fait sous prétexte de fédéralisme. "Ces revendications s’inscrivent dans un plan bien huilé des acteurs de la déstabilisation de la Nation congolaise", avertit-il, estimant que ce projet pourrait mener à la création d’un nouvel État dans l’Est du pays.

Le Dr Mukwege appelle la population congolaise à une prise de conscience : "Si nous ne nous réveillons pas aujourd’hui, nous risquons d’être la dernière génération à avoir grandi dans les frontières actuelles de la RDC."

Il a également rappelé que la guerre dans les Kivus s’inscrit dans une stratégie de prédation économique planifiée depuis 1998, avec pour enjeu principal l’accaparement des ressources minières stratégiques essentielles à l’économie mondiale. Il fustige notamment la "logique extractiviste néocoloniale" qui perdure, dénonçant à la fois la présence prédatrice de groupes étrangers et les accords de paix qu’il juge précipités, opaques et non inclusifs.

Enfin, Denis Mukwege a exhorté la diplomatie congolaise à exiger la création d’un Tribunal pénal international pour la RDC, à demander des sanctions contre les agresseurs et à faire appliquer la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies.

"Personne ne viendra sauver le Congo à notre place", a-t-il insisté, en appelant à la vigilance, à la mobilisation et à la détermination collective, pour mettre fin à cette longue page sombre de l’histoire du pays.

Samedi 2 août 2025 - 09:05