Contrat RDC–AS Monaco : le mouvement citoyen FILIMBI fustige un projet dispendieux sans bénéfice concret pour la jeunesse congolaise

Catégorie
Image
L'équipe de l'AS Monaco [photo d'illustration]
L'équipe de l'AS Monaco [photo d'illustration]

Par Gloire Balolage 

L’annonce de la signature d’un contrat de près de 5 millions de dollars entre la RDC -République Démocratique du Congo- et le club de football français AS Monaco suscite des critiques dans la société civile. Le Mouvement citoyen FILIMBI dénonce une décision «inopportune et indécente» dans un pays en proie à de multiples crises.

Dans un communiqué de presse rendu public ce jeudi, le mouvement citoyen FILIMBI dénonce ce qu’il considère comme une «insulte aux souffrances du peuple congolais». Le document condamne un projet qu’il juge totalement déconnecté des priorités nationales, en particulier dans un contexte marqué par les conflits armés, la misère sociale et l’effondrement des services de base.

Selon FILIMBI, la décision du ministère des Sports de financer un partenariat international avec un club étranger est inacceptable, alors que des millions de Congolais vivent sans accès à l’eau potable, à l’éducation, à l’alimentation ou à la sécurité. «Cette initiative ne répond à aucun besoin vital ni urgence nationale», affirme le mouvement.

Le partenariat, chiffré à 4,3 millions de dollars pour une durée de trois ans, a été signé le 10 mai dernier, à Kinshasa, par le ministre Didier Budimbu et le directeur général de l’AS Monaco, Thiago Scuro. Présenté comme un projet stratégique mêlant sport, tourisme et développement, l’accord est censé symboliser une nouvelle ère de coopération entre la RDC et la France.

Mais pour FILIMBI, il s’agit avant tout d’un "ballon de communication" sans réelle substance. «Ce projet n’offre aucune solution structurelle aux défis du sport congolais et n’apporte aucun bénéfice concret à la jeunesse», peut-on lire dans le communiqué.

Le mouvement pointe également le manque de transparence entourant les négociations et réclame la publication intégrale des termes de l’accord, ainsi que la suspension immédiate de sa mise en œuvre. Il appelle à un débat parlementaire retransmis en direct, afin que les citoyens puissent juger de la pertinence d’un tel engagement financier.

FILIMBI insiste sur le contraste entre ce projet coûteux et le manque de soutien aux clubs locaux. Le cas du TP Mazembe, club congolais plusieurs fois champion d’Afrique, est cité en exemple. «Ce club fonctionne sans appui de l’État. Pourquoi ignorer ce modèle national au profit d’un projet étranger ?», questionne le mouvement.

Du côté du gouvernement, le ministère des Sports justifie l’accord par la nécessité de développer un modèle durable de coopération entre le football, le tourisme et l’économie. Cinq ministères [Sports, Tourisme, Finances, Santé et Commerce extérieur] sont impliqués dans la coordination du projet.

Présenté au Conseil des ministres du 5 mai dernier, le partenariat est censé aboutir à la création d’une académie de football en RDC, à la formation d'entraîneurs locaux et à la promotion des jeunes talents congolais à l’international. Mais ces promesses restent pour l’instant sans calendrier public ni plan opérationnel.

FILIMBI, de son côté, appelle à recentrer la politique sportive nationale sur les besoins des communautés locales. Le mouvement plaide pour un plan de réforme du sport fondé sur l’investissement dans les infrastructures de base, l’appui aux clubs communautaires, et l’insertion professionnelle des jeunes athlètes.

«Le sport peut être un outil de paix, d’éducation et de dignité, mais il ne doit pas devenir un alibi pour justifier la mauvaise gouvernance ou la dilapidation des fonds publics», affirme le communiqué, qui se conclut sur une interpellation directe aux décideurs.

Vendredi 20 juin 2025 - 09:19