Par Stella Ungaro
La situation humanitaire des réfugiés congolais installés dans des camps en Ouganda ne cesse de se détériorer.
A la suite de la fusillade de l'armée ougandaise sur ces compatriotes vivant à l'étranger et qui a fait deux morts, vendredi 02 septembre, des voix ne cessent de s'élever pour appeler le gouvernement congolais particulièrement le ministère des Affaires étrangères à prendre des mesures appropriées.
Après la diffusion de la première interview avec Kulihoshi Musikami Pecos
Spécialiste des Droits des Réfugiés dans les Grands Lacs, Chargé des Réfugiés à COJESKI RDC, Coordination Provinciale du Nord-Kivu, Opinion-info.cd revient sur un aspect plus important de ce dossier à savoir, la situation de l'enfant et de la femme dans les sites des réfugiés en Ouganda.
Pour lui, la situation est alarmante. Le gouvernement est tenu à prendre des mesures nécessaires pour protéger cette catégorie des personnes venues trouver abri à Kisoro et ailleurs en Ouganda.
Des chiffres alarmants, enfants et femmes en situation de risque
"La plupart de ces réfugiés congolais qui sont en Ouganda sont composés selon les statistiques du HCR, à 76% des femmes et des enfants. Dans le cadre de la protection, le HCR doit attirer une attention particulière premièrement aux enfants qui doivent être les plus protégés possible. Deuxièmement, aux femmes. Curieusement, dans cette situation, ce sont les enfants qui continuent à être à risque. C'est pour les enfants qu'on a déployé assez des efforts pour être sécurisés."
Le gouvernement appelé à plus de responsabilité
"Je pense que si on avait un gouvernement plus responsable qui s'occupe du bien être de ces citoyens, il devait traduire l'Ouganda et le HCR en justice. En tout cas, notre gouvernement par le ministère des Affaires étrangères devait saisir les Nations Unies au niveau de Genève pour que le HCR au niveau de l'Ouganda et le gouvernement ougandais puissent répondre. Après répondu, ils doivent faire réparation. Ces gens malmenés et persécutés jusqu'à présent méritent justice, ce sont des êtres humains "
L'ambassade de la RDC en Ouganda bel et bien saisie de la situation
Au delà du fait que la COJESKI-RDC reconnaît ne pas avoir saisi le ministère des Affaires étrangères à cet effet, elle reconnait néanmoins avoir informé l'ambassade de la RDC en Ouganda. "Nous n'avons pas encore saisi le Ministère des Affaires étrangères parce que tout simplement, nous n'avons pas leur contact. Nous avons toutefois contacté l'ambassade du Congo en Ouganda, les autorités provinciales ici à Goma, et le Gouverneur. Mais je pense que ce qui devrait être fait, ce n'est pas nécessairement que nous qui pouvons le faire mais n'importe qui, qui a l'opportunité de le faire pour leur dire deux choses:
1. Entrer en contact avec l'Ouganda pour qu'il puisse libérer les gens. Que les congolais qui veulent rentrer librement, puissent regagner le pays.
2. Saisir les Nations Unies pour les violations graves des droits de réfugiés commis par le gouvernement ougandais et le HCR en dates du 02 et 03 septembre 2022.
A Kisoro, Kampala, Nakivale, Kyaka II et Kyangwali, mêmes problèmes pour les réfugiés
" Il n'y a pas que les réfugiés congolais de Kisoro qui ont des problèmes. Même les réfugiés congolais qui sont à Kampala, la capitale mais aussi dans plusieurs camps que je peux citer et que je connais bien où je suis en contact avec les réfugiés qui veulent quitter. C'est le cas de Nakivale et de Kyaka II. Nakivale se trouve dans Isingero, Kyaka II dans le Kyenjojo. Ces réfugiés ont des difficultés de quitter. Certains veulent vraiment quitter car ils estiment que la situation dans plusieurs parties du pays s'améliore de plus en plus. Mais le problème est que le ministère du gouvernement ougandais en charge des réfugiés ne leur donne pas de document pour rentrer au pays. Si une personne qui est à Kampala avec un statut de réfugié veut quitter, on s'adresse au bureau du ministère Ouganda en charge des réfugiés. Ce ministère doit nécessairement vous donner une lettre qui vous autorise de quitter l'Ouganda, mais curieusement, quand les gens qui s'adressent à ce ministère y vont, on ne leur donne pas de lettre. En même temps, le ministère des réfugiés de l'Ouganda a déjà déployé des policiers et communiqué avec tous les services de sécurité en cours de chemin de bloquer tout congolais qui veut rentrer au Congo. Depuis Kampala jusqu'à Bunagana, il y a au moins 4 barrières. Sur ces 4 barrières, on contrôle sévèrement les congolais, surtout ceux là qui ont un statut des réfugiés. Chaque qu'un congolais qui veut rentrer au Congo n'a pas une lettre, il est arrêté et va passer beaucoup de temps en prison. Cela bloque ceux là qui veulent rentrer.
C'est dans ce sens que le ministère des affaires étrangères doit être saisi pour trouver comment les congolais doivent quitter l'Ouganda.
Après tout, l'Ouganda n'est pas leur pays et chaque personne a le droit de rentrer dans son pays quand il le veut. Et on ne trouve pas pourquoi l'Ouganda continue à bloquer les congolais qui veulent rentrer.
Il faudrait vraiment qu'il y ait quelque chose qui doit être fait dans ce sens là bas."