Assemblée nationale : L'Acte I du Bureau Kamerhe, le Gouvernement Suminwa investi en pleine session de mars

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Suminwa et Kamerhe à l'Assemblée nationale
La Première ministre Judith Suminwa et Vital Kamerhe, président de l'Assemblée nationale, après débat et validation du programme de son par les élus nationaux

Par Bijou NDJODJI BATEKO

On s'y attendait le moins. Du moins, au regard du temps pris par le Bureau d'âge, pour accomplir sa triple mission de valider les mandats des députés nationaux, rédiger le Règlement intérieur et installer le Bureau définitif après son élection. Mais, une fois installé, quoique tardivement [presque fin mai], le Bureau Kamerhe s'est lancé un pari fou de démiurge, celui d'investir à tout prix le Gouvernement Suminwa avant la fin de la session parlementaire ordinaire de mars, qui, constitutionnellement, intervient le 15 juin courant. Cela, afin de permettre à l'équipe gouvernementale de se mettre rapidement au travail, pour répondre aux attentes et aspirations profondes des Congolais qui souffrent tant et sont en proie à l'insécurité récurrente et grandissante sur toute l'étendue du territoire national. Le président dudit Bureau, Vital Kamerhe, l'avait même déjà promis au terme de son échange avec le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le lundi 03 juin 2024, à la cité de l'Union africaine, lorsque, au sortir de l'audience, il a confié à la presse présidentielle que "le Gouvernement sera investi entre le 10 et le 11 juin [courant]". Aujourd'hui, c'est un pari gagné qui s'inscrit dans l'actif du Bureau Kamerhe comme son premier acte de grande envergure, pour l'amélioration des conditions de vie des Congolais.

Le Gouvernement investi

Le Gouvernement Suminwa est, enfin, investi après que les députés nationaux aient approuvé, à la majorité écrasante, son Programme d'actions quinquennal présenté par la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka.

Sur un total de 405 élus nationaux dans la salle, 397 ont voté pour ce Programme on ne peut plus ambitieux, pour le bien-être des Congolais. 8 députés se sont abstenus. Aucun des votants n'a désapprouvé ce Programme, dont le coût global quinquennal s'élève à 277.066,2 milliards CDF, soit 92,9 milliards USD.

"Un double objectif"

Durant près de deux heures dix minutes, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka a présenté le Programme de son Gouvernement, devant la Représentation nationale.

L'occasion a été pour la cheffe du Gouvernement, de dévoiler la ferme volonté de son équipe d'atteindre un double objectif, tel que cela est traduit par ce Programme.

"Le Programme du Gouvernement 2024-2028 traduit la ferme volonté du Gouvernement d'atteindre un double objectif : Consolider les acquis du premier mandat, en vue de parachever l'avènement d'un Congo plus uni, mieux sécurisé, à la souveraineté affirmée et plus prospère; Poser durablement les jalons d'un Congo émergent dans lequel l'autorité de l'État est consolidée, la solidarité renforcée et les villes connectées", a révélé cette héroïne de la lignée de Kimpa Vita, qui a, par ailleurs, se référant à la guerre d'agression dont le Congo de Simon Kimbangu et de Joseph Kasavubu est victime de la part du Rwanda, affirmé haut et fort que "la RDC se défendra face à ses agresseurs, ainsi qu'à leurs complices".

Socles du Programme

Pour que le Gouvernement puisse atteindre son double objectif, Judith Suminwa Tuluka a jugé utile de calquer son Programme sur les six engagements pris par le Chef de l'État, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, lors de son investiture en janvier 2024, dans le cadre de son second mandat.

Parmi ces six (6) engagements figurent la création de plus d'emplois et la protection du pouvoir d'achat des ménages; la protection du territoire national et la sécurité des personnes et de leurs biens; l'aménagement du territoire national en vue d'une connectivité maximale; l'accès garanti aux services sociaux de base; le renforcement de l'efficacité des services publics; et, enfin, la gestion durable et de manière responsable de l'écosystème de la RDC face aux changements climatiques.

Pour y parvenir, Judith Suminwa Tuluka a réparti, en termes de pourcentage, l'enveloppe de son Programme à raison de 30% alloués au premier pilier, 25% au deuxième pilier, 20% au troisième pilier, 15% au quatrième pilier, 5% au cinquième pilier et 5% au sixième pilier.

Il sied de noter que le coût de ce Programme est totalement couvert par des ressources étatiques et non étatiques, du Pouvoir central, des Provinces ainsi que des ETD -Entités territoriales décentralisées-.

"Pour prendre en charge ses ambitions, la RDC est dans l'obligation de générer les ressources nécessaires, pour le financement du Programme du Gouvernement. Les ressources dont le Gouvernement a besoin pour financer son Programme d'actions ne peuvent être générées que par l'économie congolaise avec l'appui des partenaires de l'État", a précisé Judith Suminwa Tuluka.

Investi avant l'investiture 

Alors que le Bureau Kamerhe, aussitôt installé, affichait déjà sa détermination à investir coûte que coûte le Gouvernement Suminwa Tuluka avant la fin de cette session parlementaire ordinaire de mars 2024, s'il faut se référer même au calendrier des activités de ladite session, qui prévoyait l'examen et approbation du Programme du Gouvernement suivi de son investiture parmi les matières à traiter, aucun pronostic n'était pourtant favorable.

Surtout avec les menaces qui pesaient sur ce Gouvernement, au lendemain de sa publication, de la part des regroupements politiques membres de l'Union sacrée de la Nation, qui menaçaient, via leurs députés nationaux, qui se sentaient frustrés et lésés, au motif que les critères géopolitique et du poids politique n'ont pas été respectés dans la répartition des postes ministériels. Leurs députés nationaux menaçaient même de boycotter la plénière consacrée à l'investiture du Gouvernement Suminwa. D'autres avaient déjà initié une pétition contre cette investiture.

C'est dans ces entrefaites que le speaker de la Chambre basse du Parlement, Vital Kamerhe, était allé, lundi 03 juin 2024, consulter la sagesse du Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui lui a donné des orientations, après avoir accepté ses propositions lui soumises. Ragaillardi par le soutien et accompagnement du Chef de l'État, le président de l'Assemblée nationale annoncera l'investiture du Gouvernement Suminwa entre le 10 et 11 juin 2024, soit avant la fin de la session de mars, qui intervient le 15 juin courant.

Sans attendre, le Bureau Kamerhe a initié une série de consultations avec les regroupements politiques de l'Union sacrée de la Nation frustrés et lésés. Des consultations élargies à tous les regroupements politiques membres de l'USN et autres personnalités.

Après un échange franc avec le président Vital Kamerhe et tous les membres du Bureau, tous les regroupements politiques membres de l'Union sacrée de la Nation, même les frustrés et les lésés, ont donné leur quitus, pour l'investiture du Gouvernement Suminwa avant la fin de cette session de mars.

Ce quitus unanime des regroupements politiques membres de l'USN traduisait déjà, aux dires de certains analystes, l'investiture du Gouvernement Suminwa avant même la plénière consacrée à cet effet.

Chapeau bas à Tshisekedi 

À tout seigneur, tout honneur, dit-on. Loin de s'attribuer cette couronne pour avoir réussi à faire investi le Gouvernement Suminwa avant l'investiture, le président Vital Kamerhe avait, au terme des consultations réussies avec succès, préféré, en toute humilité, remercier le Chef de l'État, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, pour son implication personnelle.

"Je remercie le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, de m'avoir reçu hier [lundi 03 juin], accepté mes propositions et me donner des orientations pour finaliser toutes ces démarches", avait déclaré Vital Kamerhe, au terme de la première journée des consultations, le mardi 04 juin 2024.

Aux dires du speaker de la Chambre basse du Parlement, n'eut été l'implication personnelle du Chef de l'État, tout aurait été bloqué jusqu'à ce jour.

L'on oubliera pas non plus de si tôt l'intervention du fils Tshisekedi, pour faire bouger les lignes quant à l'élection et installation du Bureau définitif de l'Assemblée nationale.

Toutefois, au nom du Bureau de l'Assemblée nationale, Vital Kamerhe s'était estimé heureux pour avoir obtenu l'accord de principe de toute l'USN concernant le vote de confiance du Gouvernement Suminwa.

"Je suis très heureux aujourd'hui, parce que les hommes sont faits pour affronter les défis. Et je suis personnellement fier d'être à la tête du Bureau de l'Assemblée nationale, de diriger l'Assemblée nationale où mon appel a été entendu", avait dit le speaker de la Chambre basse du Parlement.

Mercredi 12 juin 2024 - 09:11