
Par Edmond Izuba
L'UNIKIN -Université de Kinshasa- a été le théâtre, jeudi 20 juin 2024, d'une conférence-débat de haute facture, animée par le professeur Vital Kamerhe, au chapitau du plateau des étudiants.
Du beau monde a été associé à cette conférence. Notamment, des membres du bureau de l'Assemblée nationale, des ministres, des autorités académiques de l'UNIKIN, des étudiants et autres.
Cette rencontre scientifique a été lancée par une cérémonie d'ouverture, marquée par les mots de circonstance du professeur Funga Funga, doyen de la faculté des Sciences économiques et de gestion de l'UNIKIN, et du recteur de cette alma mater, le professeur Jean-Marie Kayembe. Les deux, tout en souhaitant la bienvenue aux participants et intervenants, ont relevé comment l'UNIKIN s'est inscrite dans la perspective de contribuer significativement à l'essor du pays.
A la tribune, ils ont cédé la place au professeur Vital Kamerhe, pour son exposé axé sur le thème : «Problématique du développement économique de la RD-Congo, terre d'espoir», inspiré de sa thèse de doctorat, rédigée en anglais et défendue début octobre 2019, à l'Hellenic American University d'Athènes.

Dans son exposé, Vital Kamerhe a lancé un appel pressant à la constitution d'une «Union sacrée des intelligences», pour «commencer une nouvelle ère» au pays, et doter le pays d'un modèle économique à même d'impulser son développement.
Ce modèle économique, a soutenu le professeur Kamerhe, devra accorder une part belle à l'agriculture et arriver à créer une cohésion entre la communication et le travail du sol. D'où, l'importance, pour lui, de rendre sa thèse disponible en six langues.
L'enjeu, de l'avis de Kamerhe, sera de déconstruire le modèle économique colonial, «avilissant avec un traitement dégradant», et celui de l'ère Mobutu, reposant d'abord sur la zaïrianisation puis sur la gestion du pays par des professeurs.
«En réalité, même si aujourd'hui on prenait Einstein, Obama pour gérer la RDC, ils vont échouer, parce que le mal est d'abord structurel et le système n'est pas fait pour développer le pays», a soutenu Kamerhe pour appuyer sa pensée de doter la RDC d'un nouveau modèle économique, qui ne doit pas dissocier le leadership de la bonne gouvernance.
L'exposé de Kamerhe a piqué la sensibilité d'Augustin Matata Ponyo, ancien Premier ministre et professeur des universités, qui est intervenu pour soutenir que la RDC ne peut se développer sans un «leadership fort et visionnaire».
Consécutivement à l'intervention du chef du gouvernement honoraire, d'autres conférenciers ont exposé autour des quatre sous-thèmes au menu des débats dans des panels.
Le premier panel s'est penché sur l'analyse des modèles de développement historiques de la RDC, alors que le deuxième a porté son attention sur la place de la rhétorique politique et perspective du modèle économique congolais. Au troisième panel, les débats se sont focalisés sur les stratégies pour une diversification économique inclusive. Les stratégies de création de classe moyenne, de chaîne de valeur agricole pour une autosuffisance alimentaire ont constitué la charpente des discussions dans le quatrième panel.
Parmi les exposants en panels, le ministre d'État au Développement rural, Muhindo Nzangi, les ministres Jean-Lucien Bussa, Julien Paluku, Teddy Lwamba, en charge respectivement du Portefeuille, de l'Industrie et des Ressources hydrauliques. L'ancien ministre du Numérique et professeur à l'UNIKIN, Eberande Kolongele, est aussi intervenu en panel aux côtés d'autres invités de marque.
Doctorant, Jean-Lucien Bussa a reposé son intervention sur «la diversification de l’économie». Celle-ci, a-t-il soutenu, devra être axée sur la stabilité institutionnelle et la qualité du leadership, qui doit être stratège, gestionnaire et visionnaire.
«Notre économie est restée traditionnelle. Lorsque la manne a été produite, elle n’a pas été orientée vers l’industrialisation du pays. Notre PIB est constitué des produits miniers, pendant que le PIB des autres pays sont constitués de l’industrie (domaine recherche et développement)», a déclaré l'actuel ministre du Portefeuille.
A la suite de Bussa, Julien Paluku a reconnu, sur un ton très affirmatif, qu'en RDC, il existe bel et bien un leadership de qualité qui est gestionnaire et visionnaire. Il a partagé, avec l'assistance, les six piliers susceptibles de booster le développement économique de la RD-Congo. Notamment, les infrastructures routières, les composantes ferroviaires, les composantes aéroportuaires, les ports importants, les infrastructures énergétiques ainsi que les composantes zones économiques spéciales.
Julien Paluku a, par ailleurs, appelé à la sécurisation des zones économiques.
Au terme de toutes les interventions, le professeur Vital Kamerhe a remis au recteur de l’UNIKIN, Jean-Marie Kayembe, quelques exemplaires de sa thèse de doctorat, produite en six langues : français, anglais, lingala, kikongo, swahili, et tshiluba.