![Josué Kabanza, acteur politique de Goma [photo d'illustration]](/sites/default/files/styles/media_interne_1280x720/public/2024-10/IMG-20241025-WA0020.jpg?itok=djW20lGj)
Par Gloire Balolage
Dans un climat politique déjà tumultueux, les récents propos du Président Félix Tshisekedi concernant la nécessité d'une révision de la Constitution ont suscité de vives réactions. Parmi ces réactions figure celle de Josué Kabanza, analyste politique en province du Nord-Kivu, qui a exprimé sa profonde préoccupation face à cette déclaration.
Dans un discours prononcé à Kisangani, le Président a qualifié l'actuelle Loi fondamentale de la "Constitution des étrangers". Une affirmation que Josué Kabanza considère comme révélatrice d'une méconnaissance de l'histoire du pays et d'un mépris pour le travail des experts congolais, qui ont œuvré à son élaboration.
Dans une interview exclusive accordée à Opinion-info.cd, ce vendredi 25 octobre 2024, à Goma, Josué Kabanza souligne que cette Constitution, adoptée après un référendum qui a vu des millions des Congolais la voter pour ses principes, est le fondement même de la légitimité du système démocratique en RDC -République démocratique du Congo-.
Pour lui, en la qualifiant de la "Constitution des étrangers", le Président risque de susciter des doutes sur son engagement envers les choix démocratiques du peuple congolais, ce qui interpelle sur sa véritable vision politique et sur l'intégrité de son mandat à la tête du pays.
Il indique également que le cheminement politique de Félix Tshisekedi semble empreint de contradictions, alors qu'il s'était précédemment affiché comme un défenseur ardent des principes de la Constitution qu'il conteste aujourd'hui. Il estime qu'une telle évolution pose des questions inquiétantes sur ses intentions envers les fondamentaux de la démocratie, et sur l'impact que cela pourrait avoir sur la stabilité du pays.
"Cette déclaration révèle non seulement une amnésie à l'égard des engagements précédents, mais aussi une contradiction par rapport à son propre parcours politique. En effet, lors de ses précédentes interventions, il s'est souvent positionné comme un fervent défenseur de cette même Constitution, jurant de la protéger et de la défendre", a-t-il dit.
Et de poursuivre : "Il est préoccupant de constater qu'un Président, en quête de légitimité, puisse maintenant renier les fondements mêmes de notre démocratie. Cela soulève des interrogations sur ses intentions réelles et sur la direction qu'il souhaite donner à notre pays," a-t-il ajouté.
Ce dernier n'hésite pas à rappeler que, bien que la révision de la Constitution puisse sembler pertinente sur certains aspects, il est inacceptable d’utiliser cet enjeu comme un outil, pour prolonger un mandat ou pour contourner les principes démocratiques établis. Les Congolais attendent de leurs dirigeants une gouvernance axée sur leurs préoccupations réelles, particulièrement dans un contexte où le pays est confronté à des crises socio-économiques majeures et à une instabilité sécuritaire croissante.
Dans un contexte d’insécurité et de conflit armé, dans l'est de la RDC, Josué Kabanza souligne que la mobilisation de la population et des institutions pour restaurer la paix et l’autorité de l'État devrait primer sur des discussions controversées sur une possible modification constitutionnelle. Il est inacceptable, selon lui, que le Président engage une ouverture sur ce sujet délicat, alors que le pays peine à surmonter les défis d’une guerre d'agression ciblant son intégrité territoriale.
Josué Kabanza met en avant le risque considérable qu’une révision constitutionnelle à ce moment critique détourne l’attention des véritables enjeux auxquels le pays fait face. Selon lui, une telle initiative pourrait exacerber les tensions sociopolitiques et nuire aux efforts de réconciliation et de reconstruction nécessaires à la survie de la Nation.
"Le Président Félix, étant à son second et dernier mandat, pourrait être perçu comme cherchant à changer la Constitution pour se maintenir au pouvoir. Cette intention, si elle était interprétée de cette manière, constituerait un affront à la population, déjà victime de la mauvaise gouvernance", a-t-il insisté.
Il appelle ainsi le Gouvernement à concentrer ses efforts sur la résolution des problèmes pressants et à écouter les préoccupations des Congolais, plutôt que de se perdre dans des débats inutiles sur des modifications de la Constitution.