Maintien des élèves enceintes à l'école : Une activiste des droits des femmes pense que "cette mesure va permettre à des milliers de filles de continuer d’aller à l’école et de garder leur dignité" 

Catégorie
Image
Passy Mubalama, activiste des droits des femmes et des enfants [photo d'illustration]
Passy Mubalama, activiste des droits des femmes et des enfants [photo d'illustration]

Par Gloire Balolage 

La décision du ministère de l’Éducation nationale et Nouvelle citoyenneté, d’autoriser les filles enceintes à poursuivre leur scolarité dans les établissements du pays, continue de faire réagir. Parmi les voix favorables, celle de Passy Mubalama, activiste des droits des femmes et responsable de l'organisation AIDPROFEN -Action et Intervention pour le Développement et la Protection de la Femme et de l’Enfant-, qui salue une avancée majeure pour les droits des jeunes filles en RDC -République démocratique du Congo-.

Pour elle, cette réforme ne se limite pas à une simple question d’accès à l’éducation : elle touche au respect des droits humains fondamentaux. Elle rappelle que de nombreuses grossesses précoces en RDC sont liées à des violences sexuelles, et que l’exclusion scolaire des victimes revient à les punir doublement.

"Cette mesure va permettre à des milliers de filles en RDC de continuer d’aller à l’école, de garder leur dignité et de briser le cycle de la violence. Malheureusement, en RDC, la grossesse accidentelle est souvent liée à des cas de viol. Une fille de moins de 18 ans qui tombe enceinte est une mineure, souvent sans consentement. L’exclure de l’école, c’est l’abandonner une deuxième fois," a-t-elle indiqué.

Passy Mubalama dénonce également l’injustice structurelle que subissent les jeunes filles enceintes dans le système éducatif congolais. Trop souvent, dit-elle, ce sont uniquement les filles qui sont sanctionnées, tandis que les garçons impliqués poursuivent normalement leur scolarité, sans être inquiétés ni par l’école, ni par la justice.

"Lorsqu'une fille tombe enceinte, elle est punie, mais pas le garçon. C’est une discrimination sexiste flagrante. Aujourd’hui, cette décision du gouvernement est un message fort : chaque fille a droit à l’éducation, quel que soit son parcours."

Selon cette activiste des droits humains, cette réforme est le fruit de longues années de plaidoyer de la part des organisations de défense des droits humains, qui ont dénoncé l'exclusion systématique des filles enceintes de l'école, alors même que les garçons auteurs n’étaient pas inquiétés.

 "Pour moi, une fille enceinte reste une élève, une future femme forte et capable, qui a le droit de réussir. C’est en éduquant toutes nos filles, sans exception, que nous bâtirons un Congo plus juste et prospère."

Si la décision a été saluée par de nombreuses organisations, elle suscite également des débats dans l’opinion publique, notamment sur les réseaux sociaux. Passy Mubalama estime que certaines critiques relèvent de préjugés infondés.

 "Je lis que certains hommes pensent que cette mesure va nuire à l’éducation ou inciter d’autres filles à tomber enceintes. Ce sont des idées sans fondement. Il ne s’agit pas de banaliser la grossesse, mais d’assurer que chaque fille, même enceinte, ait une seconde chance."

Elle conclut en insistant sur le fait que la réforme ne met pas en péril l’éducation nationale, mais au contraire, renforce les principes d’égalité, de justice et d’inclusion dans le système éducatif congolais.

Mercredi 16 juillet 2025 - 16:13