Par Prosper Buhuru
La CENCO -Conférence Épiscopale Nationale du Congo- s’est dite profondément préoccupée par la persistance des violences dans l’Est de la RDC -République démocratique du Congo-, où des attaques meurtrières continuent de décimer les populations civiles malgré les opérations militaires conjointes menées par les FARDC et l’Armée ougandaise (UPDF).
Dans un communiqué signé par son secrétaire général, Monseigneur Donatien Nshole, la CENCO dénonce la "banalisation" des massacres et appelle à une mobilisation accrue tant au niveau national qu’international.
La CENCO cite notamment l’attaque du 16 août 2025 menée par les combattants de la CODECO près du centre de Bule, en territoire de Djugu (Ituri), qui a fait cinq morts et plusieurs blessés, avec une dizaine de maisons incendiées.
Dans la même province, la Propédeutique Saint Kizito de Bunia a subi une intrusion violente dans la nuit du 19 au 20 août, après l’attaque de la paroisse Bienheureuse Anuarite de Komanda, fin juillet, au cours de laquelle plus de 40 fidèles catholiques avaient été tués par les ADF.
Au Nord-Kivu, le 8 septembre 2025, au moins 102 personnes ont été massacrées par les ADF dans le village de Ntoyo, territoire de Lubero. Ces assaillants ont tué certaines victimes à coups de marteaux, d’autres par balles, avant d’incendier 16 maisons, 8 motos et 2 véhicules.
Tout en rappelant que l’Ituri et le Nord-Kivu sont sous opérations conjointes FARDC-UPDF, la CENCO s’interroge sur la persistance des attaques meurtrières. Elle dénonce des "contradictions", évoquant notamment les informations selon lesquelles les FARDC considéreraient la CODECO comme des "Wazalendo", ainsi que la présence supposée de la base arrière de la CRP de Thomas Lubanga en Ouganda.
La CENCO condamne fermement ces atrocités et réaffirme que "la vie humaine est sacrée et doit être respectée". Elle présente ses condoléances aux familles des victimes et exhorte le gouvernement congolais à "doubler de vigilance et d’efforts pour sécuriser davantage les compatriotes de l’Est".
L’épiscopat catholique invite aussi le M23-AFC, la CRP, les Wazalendo et le gouvernement à renoncer à la logique des affrontements afin de privilégier le "pacte social" proposé par les confessions religieuses.
Enfin, la CENCO appelle à une prise de conscience collective : "Les tueries et massacres ne semblent plus émouvoir ni la nation ni la communauté internationale", déplore-t-elle, tout en demandant une mobilisation urgente pour mettre fin à l’effusion de sang.