
Par Prehoub Urprus
Le gouverneur militaire du Nord-Kivu, le général-major Kakule Somo Evariste, a convoqué, ce samedi 12 juillet 2025, le consul de l’Ouganda à Beni, capitale provisoire de la province, Isingoma Kusemererwa, pour obtenir des éclaircissements sur la supposée réouverture des postes frontaliers de Bunagana et Ishasha, connectant l’Ouganda aux zones sous contrôle du M23-AFC.
Cette convocation fait suite à la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo virale montrant des mouvements au niveau de ces points de passage, pourtant situés dans des territoires occupés par ce mouvement armé. Des images qui ont soulevé des interrogations à Kinshasa, sur une éventuelle complicité ou tolérance de la part de Kampala.
Face au gouverneur, le diplomate ougandais a nié toute implication officielle de son pays, affirmant ne pas être au courant d'une quelconque décision de réouverture. "Je ne suis pas personnellement informé de cette ouverture. L’Ouganda donnera sa position à travers une communication officielle. Nous reconnaissons uniquement le Gouvernement de la RDC", a déclaré Isingoma Kusemererwa.
Pour rappel, lors du Conseil des ministres tenu vendredi 11 juillet, le Président Félix Tshisekedi a ordonné à la ministre des Affaires étrangères de saisir formellement l’Ouganda, pour obtenir des explications officielles.
Les autorités de Kinshasa considèrent qu’une réouverture des postes frontaliers dans des zones sous occupation constitue une atteinte grave à la souveraineté nationale. Elle pourrait favoriser les trafics, renforcer la logistique du M23-AFC, et affaiblir davantage le contrôle de l’État dans l’Est du pays.
Alors que la situation sécuritaire reste tendue au Nord-Kivu, cette affaire relance le débat sur les relations ambigües entre certains pays voisins et les zones échappant au contrôle de Kinshasa. Le Gouvernement congolais entend maintenir sa ligne rouge : aucune légitimation d’un pouvoir de fait dans les territoires occupés.