Nord-Kivu : Projusticia lance un appel à l'aide pour les femmes victimes d'abus sexuels dans le camp de déplacés de Bulengo

Par Gloire Balolage 

Dans un point de presse tenu le week-end dernier à Goma, l'organisation Projusticia a révélé la triste réalité des abus sexuels subis par les femmes déplacées de guerre, dans le camp de Bulengo. Entre 500 et 1000 femmes auraient été violées, et leurs témoignages poignants soulignent l'urgence d'une action, pour rétablir leur dignité et les aider à reconstruire leur vie.

Justin Muchoko, Président du conseil d'administration de Projusticia, a souligné l'impératif de restaurer la dignité de ces femmes et de leur offrir un soutien essentiel, pour reconstruire leur vie malgré les atrocités vécues.

"Il faut rétablir la dignité de ces femmes violées. Ces femmes ont aussi droit à la vie, malgré cette guerre. Il y a beaucoup d'abus qu'il faut dénoncer. Il faut que ces femmes arrivent à bien vivre, malgré ce qui leur est arrivé. Ces femmes ont besoin urgemment d'être encadrées après leur violence", a-t-il dit.

Les témoignages des survivantes sont bouleversants, dépeignant un tableau de souffrance et de désespoir criant. Une de ces femmes victimes a partagé l'ampleur de sa souffrance, aggravée par sa répudiation par son mari, pour avoir été victime de la violence sexuelle.

"Mon mari m'avait rejetée parce que j'avais été violée. Nous avons enduré des agressions répétées, et sommes confrontées à une détresse profonde, éprouvant des difficultés même pour nous nourrir. Nous lançons un appel au gouvernement, pour obtenir de l'aide et pour que les coupables de ces actes soient traduits en justice. Toutefois, notre plus grand désir est que cette guerre prenne fin, afin que nous puissions enfin retourner chez nous," a-t-elle dit.

Et une autre d'ajouter :"A cause de la guerre, nous avons fui jusqu'au camp de Bulengo. Pendant 4 mois, sans rien recevoir comme aide, les soldats sont venus et nous ont arrêtés, alors que nous partions chercher de quoi manger. Il y avait une femme parmi nous qui a été tuée sous nos yeux, après avoir été violée. Nous demandons au gouvernement de nous aider, car nous souffrons vraiment," dit-elle.

L'UNICEF a également souligné les niveaux alarmants d'exploitation sexuelle des enfants dans les camps de déplacés, rappelant l'ampleur des violences basées sur le genre dans la région du Nord-Kivu.

Face à cette situation, Projusticia s'engage à mettre les mécanismes de protection des droits des citoyens et à autonomiser les victimes, pour qu'elles puissent dénoncer les violences qu'elles subissent. Cette organisation créée par des jeunes juristes et journalistes de la région, souhaite mettre en place des mesures de prévention et d'accompagnement, pour aider les femmes à se reconstruire et à trouver justice.

Dans un contexte de conflit persistant et de vulnérabilité extrême, il devient crucial de soutenir ces femmes, pour qu'elles puissent retrouver leur dignité et vivre dans la paix et la sécurité.