Par Gloire Balolage
L'AFEM -Association des Femmes des Médias- a organisé une conférence de presse, ce samedi 30 novembre 2024, à Goma, axée sur la situation des journalistes dans la province du Nord-Kivu, et plus particulièrement dans la ville de Goma. Des professionnels des médias, des responsables et des reporters ont été invités à cette activité, pour discuter des défis rencontrés par les journalistes en cette période d'insécurité, sous le régime exceptionnel de l'état de siège.
Au cours de cette conférence de presse, les journalistes présents ont profité de l'occasion pour poser des questions pertinentes, cherchant à obtenir des éclaircissements sur les menaces et le harcèlement dont ils sont régulièrement victimes. Les forces de sécurité, notamment la Police, étaient également de la partie, confrontées à des accusations fréquentes de violence et d'abus. Ces agents ont, cependant, tenté de se justifier, en affirmant que certains bandits se font passer pour des policiers ou des militaires, soulignant leur engagement à protéger les citoyens, tout en appelant au respect des lois.
Malgré cette tentative de défense de la Police, la méfiance demeure palpable entre la population, y compris les journalistes, et les forces de l'ordre. En effet, ces derniers témoignent d'une inquiétude croissante vis-à-vis de leur sécurité, surtout lors des patrouilles nocturnes, ce qui complique encore davantage leur travail, dans un environnement déjà instable.
Dans son discours, Rose Mathe, point focal de l'AFEM en ville de Goma, a exprimé une préoccupation profonde face à la détérioration des droits humains, en signalant que les journalistes, victimes de harcèlement, de violences physiques et d'arrestations arbitraires, exercent leur métier dans un climat de menace accrue, comme en témoignent les 18 cas d'atteinte à la liberté de la presse documentés entre janvier et novembre 2024, dont 13 hommes et 5 femmes.
Elle a souligné l'urgence d'agir face à la situation alarmante des journalistes, en déclarant que, malgré certains cas documentés de menaces persistantes, leur sécurité reste inquiétante. Rose Mathe a appelé les autorités et les responsables des médias à agir promptement, pour protéger les journalistes, en particulier dans le cadre des 16 jours d'activisme, en veillant à l'application des lois régissant leur profession et en établissant des politiques visant à renforcer leur sécurité durant des heures critiques.
"Que les responsables des médias puissent revoir le programme, pour que les journalistes regagnent leurs domiciles aux heures de sécurité, d'accompagner les journalistes, de collaborer étroitement et se rendre disponible pour des activités qui nécessitent leur présence, afin de mieux s'engager pour assurer la sécurité de la presse, et le respect des droits des journalistes, de créer également un environnement sécurisé en faveur des journalistes", a-t-elle indiqué.
Rose Mathe a exhorté ses confrères à analyser minutieusement le contexte, avant de se rendre sur le terrain, à toujours porter leurs identifications et à agir de manière responsable, tout en respectant le code d'éthique qui régit leur profession, et de prendre des mesures proactives, pour garantir leur sécurité, en les exhortant à éviter les lieux susceptibles de compromettre leur intégrité, à se sécuriser eux-mêmes, en évitant de rentrer tardivement chez eux, et mettant de côté le vedettariat au profit d'une approche responsable de leur vocation.
Elle a également souligné l'importance d'adapter les horaires de travail des journalistes, afin de leur permettre de regagner leurs domiciles en toute sécurité, en les accompagnant lorsque nécessaire et en favorisant une collaboration étroite entre les médias et les services de sécurité. Cette approche est cruciale pour garantir un environnement de travail plus sûr, propice au respect des droits des journalistes.
"Aux journalistes, nous demandons d'éviter les endroits qui mettent en péril leur sécurité, de commencer par se sécuriser soi-même, et d'éviter de rentrer à des heures tardives à la maison, d'analyser le contexte du milieu avant de se rendre sur terrain, pour minimiser le risque de se mettre en danger, et de veiller à toujours avoir ces identifiants, comme la carte de presse, le gilet, les casques pour des reportages des manifestations, et des matériels de travail, de prendre conscience de leur métier et respecter le code d'éthique et déontologie lors de l'exercice de leur travail," a-t-elle ajouté.
Depuis le début du conflit armé avec le M23, dans la province du Nord-Kivu, le travail journalistique est devenu de plus en plus périlleux, les reporters se retrouvant souvent comme cibles des belligérants. Ils éprouvent des difficultés croissantes pour accéder aux informations nécessaires, se heurtant parfois à une censure imposée, ce qui rend leur mission de rendre compte de la vérité encore plus ardue.