Par Prosper Buhuru
À deux jours de la signature, le 4 décembre 2025 à Washington, de l’accord de paix entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame sous la médiation du président américain Donald Trump, le Collectif des Victimes de l’Agression Rwandaise (CVAR) émet une mise en garde : "la paix ne doit pas se réduire à un geste diplomatique."
Dans un message rendu public ce mardi, le CVAR rappelle que les populations de l’Est du pays, meurtries par des années de violences, attendent des mesures concrètes, rapides et vérifiables. Pour elles, une signature, même historique, n’aura de sens que si elle change réellement la vie dans les villages, les cités et les camps de déplacés.
Le Collectif insiste sur la nécessité d’une application immédiate des engagements, estimant que chaque jour de retard se traduit par de nouvelles souffrances.
"Les rebelles et les forces étrangères qui opèrent dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu continuent d’imposer une insécurité constante", selon le message du CVAR.
Cette organisation de défense des droits humains exige que les accords prévoient un retrait vérifiable des forces rwandaises présentes sur le territoire congolais, la démobilisation des éléments armés et la mise en place de mécanismes de protection humanitaire solides.
"Sans cela, la paix restera une promesse creuse", alerte le Collectif, rappelant qu’aucune stabilité durable ne sera possible tant que les populations resteront exposées aux menaces armées.
Pour les victimes, aucune paix ne peut s’envisager sans justice. Le CVAR appelle la Cour pénale internationale à ouvrir une enquête exhaustive sur les crimes commis dans l’Est de la RDC, à protéger les témoins et à documenter les exactions.
"L’impunité est le terreau des violences répétées", souligne le Collectif, qui réclame également des réparations, un accompagnement psychologique et la restauration de la dignité des victimes.
Le CVAR estime que les médiateurs internationaux, notamment les États-Unis et le Qatar, ne gagneront en crédibilité que s’ils veillent à la stricte mise en œuvre des engagements pris par les parties. Il demande aussi un recadrage du Rwanda, estimant que la stabilité des Grands Lacs passe par la fin des ingérences et le respect de la souveraineté congolaise.
Le Collectif insiste enfin sur la nécessité de replacer les victimes au centre du processus de paix. Pas comme des statistiques, mais comme des citoyens ayant droit à la reconnaissance, à la réparation et à la mémoire.
Alors que l’accord de Washington suscite espoirs et interrogations, le message du CVAR sonne comme une alerte morale : la paix ne se décrète pas, elle se construit ; avec courage, vérité et justice.