Culture : les personnes en situation de handicap s'acharnent contre la Colico au sujet de la langue de signes congolais

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Alphabet français en langue des signes
Alphabet français en langue des signes

Par Stella Ungaro

Au cours d'une matinée de réflexion, la Corporation des linguistes du Congo (COLICO) a préconisé samedi 19 mars à la bibliothèque urbaine de Kinshasa, dans la commune de Limete, l’instauration par le gouvernement de cinq langues officielles dont le lingala, le swahili, le tshiluba ainsi que le kikongo, en plus du français.

Cette rencontre a été organisée dans le cadre de la Journée internationale de la Francophonie, sous le thème «Unilinguisme officiel du français : ciment, complexe ou suprématie».

Le président de cette structure, le Pr. Pierre Ngila, qui a axé son exposé sur le sous thème : «Le sort des langues africaines dans le débat de la globalisation du XXIème siècle» mentionne la place de la langue dans la vie de l’homme, la conséquence linguistique de la globalisation en Afrique ainsi que la perspective stratégique et la sauvegarde des langues et culture africaine.

Le français comme langue officielle n’est pas la seule langue à exister en République démocratique du Congo bien qu’elle a un apport fondamental dans l’histoire de la RDC, a-t-il expliqué, ajoutant que d’autres langues existent à l’instar de cette langue héritée des colons, parmi lesquelles le Lingala, le Kikongo, le Tshiluba et le Swahili qui doivent cohabiter.

Dans ce contexte, les personnes en situation de handicap notamment les personnes sourdes, n'ont pas tardé à réagir et sont sortis du silence pour fixer l'opinion quant à leur position pour l'instauration de la langue des signes déjà reconnue comme 5ème langue par la loi organique portant protection et promotion des droits des personnes vivant avec handicap. 

"J'ai lu avec attention l'article publié par ACP le 19 mars 2022. Dans cet article, Colico, la corporation des linguistes congolais dans leur réunion tenue samedi à la bibliothèque urbaine de Kinshasa, préconise l'instauration de 5 langues officielles.

Je suis profondément attristé par le fait que ces linguistes ignorent totalement le contenu de la loi organique de protection de personnes handicapées qui a été voté à 100% par le Sénat et le parlement.

Cette loi, portée par Ève Bazaiba, reconnaît la langue des signes congolais au même titre que le tshiluba, le lingala, le kikongo, le swahili, lui reconnaissant comme la 5ème langue nationale," a dit M.Kamonyo, ambassadeur de deafblind.

Pour lui, cet aboutissement est le résultat des efforts de la minsitre Irène Esambo, ministre des personnes vivant avec handicap qui vient de réunir des experts en langue des signes congolais à Kinshasa et qui ont produit un dictionnaire thématique en langue des signes congolais. Ce dictionnaire qui va enrichir le patrimoine culturel sera publié d'ici peu.

Du reste, les personnes sourdes remercient Ève Bazaiba et Irène Esambo sous le leadership du chef de l'État et le Premier Ministre pour avoir mis les moyens pour la production du premier dictionnaire de 6000 mots. Elles se félicitent pour cette réalisation et remercient les interprètes, Jica, Cordaid, la Fenaphaco, et tous ceux qui ont contribué financièrement.

Entre-temps, se confiant à opinion-info.cd, M.Kamonyo a fait remarquer que les experts ayant réalisé les travaux de recherche sur la langue des signes congolais attendent la promulgation de la langue de signes comme 5ème langue nationale ainsi que la vulgarisation de cette langue dans les écoles primaires, secondaires et universitaires.

"Cette langue des signes congolais doit être retenue dans cursus de l'enseignement supérieur pour faciliter l'accès des sourds aux études universitaires, selon l'une des recommandations lors des états généraux de l'enseignement tenus à Lubumbashi.

Par ailleurs, parmi les autres attentes de la communauté des sourds, c'est l'instauration de l'Académie de la langue des signes en vue de poursuivre les recherches, à Kinshasa, Lubumbashi, Goma et Kisangani.

La supervision de tout ce processus devait être confiée à une organisation justifiant une capacité technique et une capacité de mobiliser des ressources financières et humaines localement et extérieurement avec la participation des sourds pour répondre au l'adage "Rien pour nous sans nous".

Mais la grande préoccupation, c'est l'indignation pour les personnes sourdes divisées et exploitées par des tiers au sein de leur communauté. D'où la langue des signes doit suffisamment être protégée, a conclu, M. Kamonyo.

Lundi 21 mars 2022 - 09:29