
Par Edmond Izuba
Pince-sans-rire, le gouvernement Sama Lukonde s'est engagé dans la voie de l'imposition des prix des produits surgelés importés. Procédera-t-on comme avec le gouvernement du Premier ministre Cyrille Adoula qui avait inondé le pays des chinchards et poulets ? Au lieu d’une victoire «sociale» acquise sur la table des négociations avec les opérateurs économiques, sans convaincre certains membres de la Fédération des entreprises du Congo, le gouvernement est passé à la vitesse supérieure en faisant des tapages sur une baisse imaginaire et imposé des prix. Le gouvernement dénonce à haute voix certaines pratiques sur la structure des prix.
Lors de son tout dernier conseil des ministres, le gouvernement a voulu joindre ses promesses à l’acte en passant par le social. Priorité des priorités du moment. Deux grandes décisions socialement significatives ont été arrêtées, à savoir: la réduction sensible des prix des billets d’avions et la nouvelle structure des prix sur les produits surgelés.
«Dans le souci de ramener les produits surgelés à des prix «justes», le ministre de l'économie nationale a renseigné 36 éléments irréguliers non incorporables dans les structures qui les surchargent sensiblement et amenuisent par conséquent le pouvoir d'achat de la population».
D'après les calculs renseignés par le patron de l'économie nationale, les prix suivants devraient être appliqués :
Cuisses de poulet : moins de 10 USD par carton de 10 kilos contre 21 USD pratiqué (soit 4 200 CDF le kilo) ; Poulet entier : autour de 10 USD par carton de 10 kilos contre 28 USD pratiqué (soit 5 600 CDF le poulet) ; Côtes de porc : autour de 15 USD par carton de 10 kilos contre 22,70 USD pratiqué (soit 4 540 CDF le kilo) ; Chinchards 16+ : autour de 17 USD par carton de 30 kilos contre 42,90 USD pratiqué (soit 2 860 CDF le kilo).
Si pour les billets d’avion la réussite est totale avec suppressions et réduction des certaines taxes, l’autre volet collé au panier de la ménagère souffre encore d’inexécution.
La réplique de la Fédération des entreprises du Congo ne s’est pas faite attendre. Elle accuse le gouvernement d’avoir imposé ses prix sans tenir compte des réalités.
«Le ministre de l’économie nationale a effectué une mission en Namibie en douce, pour se rendre compte lui-même des prix d’achats des produits surgelés. Sa délégation était composée des experts des ministères de l’économie, finances, commerce extérieur y compris ceux de la primature. C’est par-là qu’il s’est rendu compte de l’écart incompréhensible et insupportable entre les prix réels du marché à l’étranger et les prix imposés aux consommateurs», dévoile un membre du cabinet du ministre de l’économie qui affirme avoir pris part active aux négociations avec les opérateurs économique.
En effet, c’est une guerre ouverte contre des opérateurs économiques véreux, selon les Warriors. Le gouvernement Sama tente de changer de manière radicale le paradigme économique du pays. Il veut que la RDC cesse d'être ce marché des consommateurs aveuglés par des importateurs insouciants qui se font du beurre. Sans moyen conséquent, le gouvernement ne dispose pas de la contrainte nécessaire pour imposer ses prix sans passer par la voie des négociations. Comment peut-on se permettre de fixer des prix d'un bien dont on a aucun contrôle ?
Des produits surgelés au pétrole
Les opérateurs promettent un chaos économique ? Déjà ce matin, Fédérations des Entreprises du Congo veut anticiper la crise. Elle tient le gouvernement à la gorge en promettant une surchauffe sur le marché du carburant. Une alerte est lancée: une rupture des stocks pointe à l'horizon. À travers ce cris de détresse, la FEC veut simplement ressusciter les anciennes négociations qui n’ont pas abouti dans le passé. «La nouvelle structure des prix adaptée aux urgences du marché». La capitalisation des sociétés pétrolières étant en toile de fond.
Le «pauvre» gouvernement a du pain sur la planche dans quelques jours. Il risque d’être pris en étau par des pressions multiples entre les prix des denrées alimentaires qui vont grimper vertigineusement, et les prix des produits pétroliers à la pompe. Une épreuve de feu attend le gouvernement des Warriors.