
Par Serge Mavungu
Le franc congolais montre des signes de raffermissement face au dollar américain, et ce mouvement n’est pas le fruit du hasard. C’est le message qu’a voulu faire passer le Gouvernement congolais lors de la réunion hebdomadaire du Comité de Conjoncture Économique (CCE), présidée mardi par la Première Ministre Judith Suminwa Tuluka à l’hôtel du Gouvernement.
Entourée de plusieurs hauts responsables, dont le Vice-premier ministre, ministre en charge de l'Économie nationale, le ministre des Finances, le ministre du Budget, celui du Portefeuille, ainsi que le Gouverneur de la Banque Centrale du Congo (BCC), la cheffe du Gouvernement a supervisé une rencontre centrée sur trois priorités: la stabilisation du franc congolais, la sécurisation des dépôts bancaires et la maîtrise de la masse salariale.
Intervenant sur la question de la monnaie nationale, le Vice-premier ministre Daniel Mukoko Samba a mis en avant une « amélioration notable du marché de change ». Il a insisté : « Ce n’est pas un hasard. » Le raffermissement du franc congolais est, selon lui, le fruit d’un effort coordonné entre la Banque Centrale et le Gouvernement.
« La Banque Centrale a procédé à un ajustement du niveau des réserves obligatoires tandis que le Gouvernement a poursuivi un resserrement budgétaire, notamment par la bonne gestion des échéances fiscales », a-t-il précisé.
Objectif affiché : atteindre un taux de change compatible avec l’activité économique, tout en renforçant la confiance des acteurs économiques et en protégeant le pouvoir d’achat des ménages.
Autre dossier abordé : la protection des dépôts bancaires et le financement de l’économie. Le Vice-premier ministre a évoqué les préoccupations croissantes des opérateurs économiques face aux saisies opérées par certaines institutions de l’État ou par la justice, en particulier sur les comptes des grandes entreprises.
« Ce phénomène crée une éviction financière : les fonds qui devraient être déposés dans les banques sont mis à l’écart par crainte de saisies », a-t-il expliqué. Des mesures sont attendues « dans les prochaines semaines » pour restaurer la confiance dans le système bancaire et favoriser une meilleure circulation des capitaux.
Enfin, la question de la masse salariale a été au cœur des discussions. Bien que l’inflation soit projetée à 7,8 % d’ici la fin de l’année – son plus bas niveau depuis quatre ans – le Gouvernement s’alarme du poids croissant des salaires dans les finances publiques.
« Si la masse salariale continue de croître sans contrôle, l’essentiel des recettes publiques sera absorbé par le paiement des salaires, au détriment des investissements en infrastructures et du développement », a mis en garde Daniel Mukoko Samba, appelant à des « actions courageuses » pour préserver l’équilibre budgétaire.
La réunion du CCE de ce mardi confirme la volonté du Gouvernement Suminwa de renforcer la discipline budgétaire et la stabilité macroéconomique. En mettant l’accent sur la stabilisation du franc congolais, la protection des dépôts bancaires et la rationalisation des dépenses publiques, les autorités tracent les contours d’une économie plus résiliente et compétitive.