Par Prehoub Urprus
«Les rebelles du M23 instaurent une taxe unique de 3.000$ par tonne de coltan et 2.000$ par tonne de cassitérite. Le paiement se fait à Kigali après la vente.» Ces propos sont de Madame Antoinette N'samba Kalambayi, ministre nationale des Mines en République Démocratique du Congo, qui dénonçait les causes de l'intensification des attaques de ces rebelles soutenus par le Rwanda, contre le carré minier de Rubaya, conquis depuis quelques jours.
«Aussitôt établi dans cet espace, le M23 y a tenu une grande réunion avec tous les creuseurs et négociants [y compris des femmes enceintes et enfants], les autorisant à poursuivre l'exploitation artisanale. Ils achètent les minerais produits, les entreposent dans leurs grands dépôts de Mushaki, avant de les acheminer au Rwanda», dénonce-t-elle dans un communiqué parvenu à Opinion-info.cd, ce mardi 14 mai 2024.
À Madame Antoinette N'samba Kalambayi de poursuivre : «le Rwanda a opté pour une stratégie de diversion, consistant à surseoir à l'exportation des produits miniers, de peur d'enregistrer une hausse des statistiques d'exportation, à la suite de l'occupation de Rubaya. Les minerais exploités sont donc entreposés pour leur exportation ultérieure.»
Ainsi donc, l'exportation de ces matières premières par le Rwanda depuis le Nord-Kivu, en RDC, se fait en violation de toutes les dispositions internationales et régionales en la matière. Pour ce faire, le ministère des Mines de la RDC attend de ses partenaires, notamment les Nations-Unies et la CIRGL, une affirmation sans ambages de l'engagement de tous les acteurs, y compris les consommateurs finaux des produits miniers, pour un approvisionnement sain et responsable en substances minérales.
En même temps, la Ministre Antoine N'samba Kalambayi exhorte qu'un embargo soit décrété à l'encontre du Rwanda. Cette option, affirme-t-elle, a l'avantage de freiner le financement des conflits par les minerais, restaurer la confiance des parties prenantes, protéger les intérêts économiques légitimes de l'État et atténuer les violations des droits de l'homme par les groupes armés et les armées étrangères.