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Edito : Constant Mutamba entre l'honneur et l'opprobre

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Constant Mutamba, ministre de la Justice et Garde des Sceaux en RDC
Constant Mutamba, ministre de la Justice et Garde des Sceaux en RDC

Par Prehoub Urprus

Le jeune président du parti politique DYPRO -Dynamique Progressiste Révolutionnaire-, ministre d'État à la Justice et Garde des Sceaux en fonction, député élu et avocat au ton tranchant, Constant Mutamba, est désormais au cœur d’une tempête judiciaire et politique qui pourrait tout balayer : son image, son avenir et ses combats. Ce jeudi 29 mai 2025, l’Assemblée nationale a autorisé le Procureur Général près la Cour de Cassation à instruire un dossier visant le patron de la Justice rd-congolaise dans une affaire présumée de détournement de 39 millions de dollars américains, destinés à la réparation et l'indemnisation de la guerre de six jours menée par l’Ouganda en RDC, notamment à Kisangani. L’homme de 37 ans est désormais face à son destin.

Ceux qui le connaissent [ou qui l'ont combattu] n’ignorent pas que Constant Mutamba s’est taillé une réputation de justicier politique. Son passage à la tête du ministère de la Justice a été marqué par des sorties virulentes contre "l’impunité des mafias politico-financières." Il s’est élevé contre certaines pratiques au sein même de l’administration publique, allant jusqu’à affirmer vouloir nettoyer les écuries d’Augias. Ironie du sort : c’est justement dans la gestion de son propre ministère que les soupçons se sont accumulés, jusqu’à provoquer l’ouverture d’une enquête.

Alors, Mutamba a-t-il creusé sa propre tombe, en défiant des réseaux trop puissants ? Est-il la victime expiatoire des réformes qu’il voulait intraitables ? Ou, au contraire, est-il rattrapé par une réalité moins glorieuse que ses discours ? À ce stade, seul le procès [s’il y a lieu] pourra répondre à ces questions. Mais le parfum de règlement de comptes n’est pas à exclure. Le timing, le montant évoqué, et la vitesse de la procédure alimentent tous les soupçons d’un acharnement politique.

Reste que pour l’instant, l’homme fort de la DYPRO doit faire un choix décisif : se défendre avec les armes du droit, qu’il maîtrise, ou voir sa carrière sombrer sous le poids d’un scandale. Car, à 37 ans, il incarne encore une génération politique montante, certes clivante, mais dynamique. Il ne peut se permettre de laisser planer le doute sans réponse. Il doit parler, prouver, affronter.

Le dossier Mutamba est plus qu’un cas individuel : il interroge le fonctionnement même de l’État de droit en RDC. Peut-on poursuivre un ministre de la Justice en fonction, sans calcul politique ? Peut-on faire la lumière sur un dossier aussi sensible sans instrumentalisation ? Et surtout, peut-on reconstruire la confiance entre gouvernés et gouvernants, si ceux qui prêchent la rigueur deviennent eux-mêmes suspects de prédation ?

Constant Mutamba voulait incarner l’éthique dans la République. Il lui appartient maintenant de démontrer que sa parole valait plus que ses ennemis. À défaut, l’histoire politique congolaise retiendra un nom de plus dans la longue liste de ceux qui ont chuté dans les travers qu’ils disaient combattre.

Vendredi 30 mai 2025 - 10:42