
Par la Rédaction
Les frustrations ont atteint leur comble à l'Institut facultaire des sciences de l'information et de la communication (IFASIC), à en croire des dénonciations faites à Opinion-info par des agents et cadres de cet institut. A la base de ces frustrations, le recteur Jean-Richard Kambayi Bwatshia, accusé de "régner en potentat" et de tyranniser la gestion de cette institution d'enseignement supérieur.
«Le professeur Kambayi Bwatshia règne en maître absolu. Il veut tout, peut tout, au mépris des textes qui régissent l’université, et principalement le Vade mecum qui reprend toutes les instructions et les principes de gestion des institutions d’enseignement supérieur et universitaire de la RDC», ont-ils dénoncé, citant, à titre illustratif, «le refus par le Recteur de convoquer le Conseil de l’institut, organe de décision et autorité budgétaire de l’institution, plus de quatre mois depuis la reprise des cours».
Conséquence: «à ce jour, l’IFASIC fonctionne sur ordre et avec la seule volonté de monsieur le recteur, aidé en cela par quelques membres du Comité de gestion et de son cabinet».
Kambayi Bwatshia, le nouveau Louis XIV
Les cadres et agents de l'ex-ISTI ont en plus grondé: «L’influence du Recteur, dont la nomination avait soulevé la réprobation d’une bonne partie du personnel de l’IFASIC, sur les autres membres du Comité de gestion est telle que personne ne peut lui faire entendre raison. Fort de ses soutiens en haut lieu (sa fille est Dircaba au cabinet du Chef de l’Etat), le Recteur de l’IFASIC est convaincu que le personnel ne peut rien lui faire. De quoi donner raison à ce personnel qui avait contesté sa nomination».
Et d'enchaîner: «Les changements ne sont bons et acceptés que lorsqu’ils sont qualificatifs. Autrement, c’est du gaspillage, de la reculade. A l'IFASIC, le recteur contesté, retraité de son Etat, le professeur émérite Jean-Richard Kambayi Bwatshia, surnommé ici "monsieur Kwajiki" n'a, en matière de gouvernance, rien à envier à Louis XIV dit Roi-Soleil, dont la devise était: "au-dessus du reste des hommes"».
De scandale en scandale
Selon les auteurs de la dénonciation transmise à Opinion-info, le professeur Kambayi Bwatshia, en plus de ses dérives dictatoriales, se sert de ses collègues pour assouvir ses désirs; il a signé une série de scandales dont le dernier scandale en date est la nomination des membres des jurys d’examens en marge de l'année académique en cours.
«Le Recteur a fait nommer, par le Secrétaire général académique, trois membres de son cabinet dont deux ne sont pas agents engagés à l’IFASIC. Il s'agit de son propre directeur de cabinet, Pr. Tony Kanyinda, l’homme à tout faire et sa très particulière assistante le Chef des travaux Patience Mashini avec qui le Recteur entretient de très délicates et particulières relations. Du personnel importé d’une autre institution. Le troisième membre, Boni Kalubi, Chef des travaux à l’IFASIC, est nommé en même temps membre du jury dans deux promotions différentes», fustige-t-on dans cette académie congolaise du journalisme.
La stupéfaction est d'autant plus grande que «aucun chef de département ni même le doyen de la seule faculté créée encore une fois par le duo Recteur-Secrétaire général académique, n’ont été associés à ces nominations. Lesquelles nominations pèchent déjà sur la forme car il ne revient pas à l’Académique de nommer les membres du jury».
De leur avis, la décision devrait être prise par le Comité de gestion, sur base des propositions faites par les départements, et endossée par le recteur en sa qualité de chef d’établissement. «On voit mal un département proposer le nom d’une personne qu’il n’a jamais engagé formellement», ont fait remarquer les dénonciateurs.
Muhindo Nzangi, le coupable
A scruter les dénonciations de ces agents et cadres de l'IFASIC qui se sont confiés à Opinion-info, le professeur Kambayi Bwatshia éprouve du dédain envers l'ensemble du personnel et ne lui fait pas confiance. Ils soutiennent cette accusation par la composition du cabinet du recteur Kambayi Bwatshia. Cette composition est «une trouvaille dont il a seul le secret. 80% des membres du cabinet est importé, comme s’il manquait du personnel compétent à l’IFASIC alors que les prédécesseurs ont travaillé avec le personnel permanent. Mais, pour ceux qui connaissent comment a été désigné le professeur Kambayi, rien d’étonnant».
De l'avis de nos souffleurs, le premier coupable, au regard de ce qui arrive à l'IFASIC ces jours-ci, c'est le ministre de l'Enseignement supérieur et universitaire, Muhindo Nzangi. Ce, étant donné qu'il a catapulté à la tête de cette institution une personnalité qui lui est étrangère.
«Les explications du ministre, selon lesquelles l’université est un service public et qu’on pouvait y nommer n’importe qui (à sa tête), n’ont jamais convaincus tant ces arguments enfreignent l’article 153 de la Loi-cadre n°14/004 du 11 février 2014 de l’enseignement national.
Cet article dispose que «Le Président et le vice-président du Conseil d’administration ainsi que le Recteur et le Directeur général des établissements publics sont élus par leurs pairs en tenant compte de la parité. Ils sont investis par l’ordonnance du Président de la République. Le Secrétaire général académique, le Secrétaire général administratif et l’administrateur du budget sont nommés par le ministre ayant l’Enseignement supérieur et universitaire dans ses attributions. Leur mandat est de quatre ans renouvelable une fois».
Vivement, des fils-maison
Clairement, pour les auteurs de la dénonciation, Muhindo Nzangi a torpillé cette disposition légale. «Les conséquences sont que dans plusieurs institutions, les mandataires n’ont de compte à rendre qu’à ceux qui les ont nommés», ont-ils regretté, révélant dans la foulée le souhait du personnel de l’IFASIC.
Ce personnel appelle de tous vœux le ministre Nzangi de «venir reprendre ses gens, imposés au détriment des fils-maison». Ils restent persuadés que les fils-maison «se seraient souciés tant soit peu de leur alma mater».
