Par Stella Ungaro
Deux morts, tous des enfants non autrement identifiés, c'est le bilan de la fusillade de vendredi 2 septembre de l'armée ougandaise sur les réfugiés congolais en Ouganda.
Alors qu'ils prenaient la direction vers le Poste Frontalier de Kitagoma pour quitter l'Ouganda et rentrer en RDC, ils ont été sommés de rester en Ouganda et demander un statut de Réfugiés.
Des téléphones ont été ravis à la plupart d'entre eux qui ont filmé ce drame de peur qu'ils ne répandent des informations.
Opinion-infos.cd a joint par téléphone Kulihoshi Musikami Pecos, Spécialiste des Droits des Réfugiés dans les Grands Lacs. En sa qualité de Chargé des réfugiés au sein du Collectif des organisations des jeunes solidaires du Congo Kinshasa, Le COJESKI-RDC, Coordination du Nord-Kivu, il a éclairé la lanterne sur les contours de la question des réfugiés en Ouganda.
Toutefois, sans aller par le dos de la cuillère, il a vigoureusement condamné l'utilisation de la force par l'armée ougandaise et demandé urgemment que l'Ouganda puisse ouvrir le couloir de Kisoro en passant par la route de Kitagoma et de Kitagoma à Rutshuru. Au gouvernement congolais, il demande de déposer plainte contre l'Ouganda et l'UNHCR et d'aider ces compatriotes à rentrer au pays.
"Ces gens veulent rentrer chez eux. C'est un droit millénaire inaliénable. Ces gens, s'ils ne veulent pas être des réfugiés, on ne peut pas les forcer de devenir réfugiés pour tout simplement chercher de l'argent. Les êtres humains ne sont pas des objets de business. On ne doit pas continuer à marchander la souffrance du peuple congolais. Nous demandons aussi au peuple congolais de se soulever, de mettre pression à leur gouvernement pour demander à l'Ouganda de faire rentrer ces gens. Nous avons besoin de ces gens pour vivre avec nous et pour que tous ensemble, nous puissions travailler pour le développement de ce pays.
Son aperçu sur la situation des réfugiés en général dans l'Est de la RDC
"Nous travaillons fortement sur la question de la protection des réfugiés en RDC, mais aussi sur la question des réfugiés des droits des réfugiés dans la région des Grands lacs. Nous essayons de suivre la question des réfugiés un peu partout que ce soit en RDC, au Rwanda, en Ouganda, au Burundi, en Tanzanie ou au Kenya.
Les enjeux de la question du réfugié dans cette région est très capitale. Un grand nombre de plus de leaders au niveau de la présidence que ça soit en Ouganda au Rwanda ou au Burundi, ceux là qui sont des présidents dans ces pays et qui occupent de grandes fonctions dans les gouvernements furent des réfugiés dans leur passé. Quand ils étaient des réfugiés, ils en recrutaient d'autres. L'enjeu des réfugiés, nous savons qu'au delà de la lutte pour le pouvoir, l'utilisation des réfugiés pour accéder au pouvoir comme nous les trouvons en Ouganda, au Rwanda et au Burundi mais aussi dans l'Est de la RDC, c'est leur utilisation dans des différents groupes armés. On trouve aussi la question financière. La manne financière qui est mobilisée par plusieurs acteurs dans la communauté internationale est un autre intérêt qui pousse à ce que les gens même, financent tant des groupes armés pour destabiliser la région et pour forcer les gens à fuir. Nous trouvons avec la présence deM23 à Bunagana qui est composé en grande partie des réfugiés au Rwanda. Des réfugiés qui sont partis au Rwanda, en Ouganda étaient recrutés pour déstabiliser une partie du Congo.
Créer des conflits pour générer des réfugiés
"Parmi les objectifs recherchés par le M23, c'est pousser les gens à l'étranger, pousser des congolais dans des camps en Ouganda et au Rwanda mais seulement quand ils sont dans les camps en Ouganda et au Rwanda, cela doit faciliter les organisations internationales qui sont coordonnées surtout par le HCR à mobiliser de l'argent et cet argent qui va nécessairement finir dans les poches de certains individus dans ces organisations là bas.
Voilà les deux intérêts qui sont liés à la question des réfugiés. C'est dans ce cadre là qu'on trouve des milliers des réfugiés congolais qui ont fui Bunagana et qui sont partis en Ouganda. Les enjeux du moment est que l'Ouganda veut à ce que ces réfugiés soient dans des camps. Ces congolais refusent de vivre dans des camps où ils vont souffrir et veulent rentrer chez eux. l'Ouganda trouve qu'il risque de perdre la manne financière qui est l'objectif principal de trouver ces gens là bas. Comme l'Ouganda ne voulait pas prendre le risque de perdre. Il a décidé d'utiliser son armée qui a tiré des balles réelles sur ces réfugiés. Un grand nombre des réfugiés ont quitté le camp de transit de Nyakabana à Kisoro et voulaient prendre la direction vers la RDC mais l'Ouganda a déployé l'armée pour les disperser, pour les persuader de ne pas quitter et de rester dans ces camps là pour être relocalisés dans d'autres camps où l'Ouganda peut facilement justifier qu'il y a une crise humanitaire et qu'il y a nécessité de trouver des fonds pour aider les réfugiés.
Des réfugiés en débandade, le HCR pointé du doigt
"Tous les réfugiés sont en débandade. Nous continuons d'attendre les détails car ceux là avec qui on était en contact ce matin ont été arrêtés et leurs téléphones sont confisqués et ne sont même plus en mesure de communiquer. Mais nous attendons d'autres sources pouvant nous confirmer davantage. Nous condamnons fortement les agissements du gouvernement ougandais et du HCR. Le HCR, une institution mandatée par les Nations Unies de protéger les réfugiés partout au monde devient un problème de la protection. Le HCR a déjà échoué à sa mission de protéger les réfugiés. Au lieu de les protéger, le HCR devient un facteur de les exposer. Ça devient très compliqué, ça ne marche plus, il faut vraiment qu'on réforme cette institution. En Ouganda le HCR a déjà échoué à protéger les réfugiés, au Congo, le HCR a échoué. On trouve les réfugiés sensés être protégés qui sont dans le M23 entrain de tuer des congolais."
A titre de rappel, il faut noter que plusieurs Congolais ont fuit la guerre de M23 à Jomba et Bunagana dans le Territoire de Rutshuru, et sont partis vers l'Ouganda, où ils attendent d'être rapatriés en RDC.
"Ils ont voulu rentrer ici en RDCONGO, mais le Gouverment Ougandais en collaboration avec UNHCR ont bloque la Route, pour l'Ouganda ces Congolais doivent accepter le statut des Réfugiés, et puis ils doivent être relocalisés dans des camps des Réfugiés. Ceci pourra faciliter l'Ouganda et UNHCR à demander de l'aide Humanitaire aux Donateurs.
Avant cette fusillade, l'Ouganda leur avait demander soit de rentrer à Bunagana pour vivre avec le M23 soit d'aller dans le Camps de Transit de Nyakabande Kisoro, les Congolais ont rejette les deux options et on propose une option de quitter Bunagana et Kisoro vers la RDC en passant par la Frontiere de Kitagoma, puis Rutshuru.