
Par Serge Mavungu
Le PRONANUT -Programme National de Nutrition- a, de manière officielle, restitué les résultats de la première enquête nationale sur la nutrition réalisée en RDC -République démocratique du Congo-.
Pour le Docteur Bruno Bindamba, Directeur de ce programme spécialisé du Ministère de la Santé, dont le mandat consiste à coordonner la mise en œuvre et le développement de la politique nationale de nutrition en RDC, deux indicateurs se sont améliorés; notamment, l'allaitement maternel.
Force est malheureusement de constater que le taux de malnutrition stagne depuis bientôt cinq ans.
Et, en rapport avec la malnutrition chronique, appelée retard de croissance, le Directeur du PRONANUT a indiqué que "les indicateurs se sont détériorés".
"Nous sommes passés de 42,7 %, par rapport aux enquêtes mixtes 2018, à 47, 9%... C'est pour dire qu'aujourd'hui, nous avons à peu près un enfant sur deux qui souffre du retard de croissance. Or, avec ce retard de croissance, ce n'est pas seulement le physique qui est retardé mais également le cerveau", a indiqué le Docteur Bruno Bindamba.
Devant les autorités sanitaires et les partenaires de la RDC dans le domaine de santé, le Directeur du PRONANUT a indiqué que cette incapacité fera à ce que cet enfant qui ne sait pas aller à l'école, ne soit pas à même de contribuer au développement du pays.
Le Docteur Bruno Bindamba a précisé qu'en terme de réponse, un plan chiffré à 1 milliards et demi USD devra être conçu et exécuté, pour prévenir la malnutrition au pays.
"Nous avons séquencé le pays en trois zones de priorité. La première zone concerne les provinces -Haut Lomami, Kwango, Kwilu, Nord et Sud Kivu, Tanganyika et Ituri-, qui ont un taux élevé de la malnutrition. La deuxième zone concerne les provinces qui ont le taux moyen de 10 à 15 %. Et la troisième zone concerne les provinces qui connaissent une stabilité", a-t-il dit.
À l'en croire, il est temps que le Gouvernement de la RDC et ses partenaires mettent la main dans la pâte, pour sauver des vies humaines. Investir dans la nutrition, a-t-il souligné, à travers une approche multiséctorielle inclusive, synergique et complémentaire, est la réponse adéquate face à la situation nutritionnelle très préoccupante des enfants et des femmes en RDC.
Le représentant de l'UNICEF a indiqué que depuis plus d'une décennie, la RDC est confrontée par plusieurs formes de malnutrition.
"Ces différentes formes des malnutritions affectent négativement le développement cognitif, les capacités d'apprentissage, et la réussite scolaire des enfants; et, à l'âge adulte, la productivité intellectuelle et physique", a-t-il souligné.
Et de relever: "Toutes ces conséquences sur les enfants, les adolescents et les adultes, en particulier les femmes enceinte et qui allaitent, entraînent des pertes irréversibles en capital humain, et diminuent la capacité de la RDC -République démocratique du Congo- à développer son capital humain".
Dernière personne à prendre la parole, le secrétaire général au Ministère de la Santé, le Docteur Yuma Ramazani, a indiqué que le tableau de la malnutrition tel que peint a montré à suffisance que le modèle de travail de la RDC n'a pas fonctionné.
"Ça n'a pas fonctionné parce qu'on a rappelé ici que les indicateurs n'ont pas bougé en termes d'amélioration, mais ils ont bougé négativement. Il y a lieu donc d'innover, pas en faisant de nouvelles choses, mais les faire autrement", a indiqué le secrétaire général à la Santé.