
Par Serge Mavungu
Le département de droit public interne de la Faculté de Droit de l'UNIKIN -Université de Kinshasa- a rendu des hommages mérités aux professeurs Victor Jean-Claude Djelo Empenge Osalo et Augustin Kitete Kekumba Omombo, samedi 22 juin 2024, à son chapiteau du plateau. Lesquels hommages ont été rendus de manière aussi particulière, sous la modération du professeur Mulumba.
Le département de droit public interne, que dirige le professeur Dieudonné Kaluba, a, en effet, organisé une conférence- débat sur le "Regards croisés sur l'objet du droit constitutionnel", en mémoire de deux illustres disparus ci-haut cités.
Il est à noter qu'au cours de cette conférence-débat, le professeur Jean Louis Esambo, Doyen de la Faculté de Droit, qui a développé le sous-thème "État comme l'objet du droit constitutionnel" du thème central "La controverse juridique sur l'objet de droit constitutionnel", a indiqué que "les professeurs Victor Jean-Claude Djelo Empenge Osalo et Augustin Kitete Kekumba Omombo étaient tous deux professeurs du Département de droit public interne".
Et d'ajouter: "Ce thème veut circonscrire le cadre de l'enseignement du droit constitutionnel tel qu'il est perçu aujourd'hui, et voir si ce droit constitutionnel doit seulement se limiter à l'étude de l'État pour l'un et pour l'étude du pouvoir pour l'autre".
Et la conjonction de ces deux dimensions de la recherche, a ajouté le professeur Jean-Louis Esambo, l'on arrive à l'idée que "le droit constitutionnel étudie certes le pouvoir; mais un pouvoir qui n'est pas en l'air, mais plutôt exercé au sein de l'État, et on doit y voir non seulement sa genèse, son organisation, son fonctionnement et sa perte".
Deuxième intervenant dans ce même panel, le professeur Evariste Boshab a axé son intervention sur "le pouvoir politique comme objet du droit constitutionnel".
Se fondant sur le prof Augustin Kitete, Evariste définit l’objet du droit constitutionnel comme étant essentiellement centré sur le pouvoir politique. À l'en croire, ce pouvoir politique inclut intrinsèquement la notion d’État, et toute organisation humaine nécessite une forme de pouvoir politique. Le professeur Evariste Boshab met en lumière que la notion de pouvoir politique précède celle de l’État, et constitue le noyau autour duquel s’articule le droit constitutionnel.
Il insiste sur l’importance de restituer au droit constitutionnel son historicité, pour mieux saisir sa temporalité. Il évoque des théoriciens comme Montesquieu, Marcel Pierre Lihau et d’autres, pour illustrer comment le droit constitutionnel a évolué en réponse aux dynamiques du pouvoir politique.
Il propose, par ailleurs, d’analyser le pouvoir politique sous trois angles : génétique, structurel et fonctionnel. Génétique : Il s’agit d’étudier comment le pouvoir apparaît et se manifeste dans diverses formes d’organisation, y compris dans le règne animal. Pour étayer sa thèse, il cite le comportement des lions pour illustrer la généalogie du pouvoir. Dans la dimension structurelle, Boshab suggère d’examiner les institutions qui agrègent ou intègrent le pouvoir politique, en reconnaissant les interactions et les équilibres qu’elles créent. En revanche, la fonctionnelle insiste sur l’importance des institutions démocratiques et la manière dont elles permettent aux citoyens de participer à la prise de décisions, soulignant la diversité des formes que peut prendre le pouvoir politique.
Il a, par la même occasion, critiqué farouchement la méthode juridique traditionnelle, qu’il considère comme essentiellement horizontale. Il appelle les juristes à adopter une approche plus globale et sociologique, explorant non seulement les normes posées, mais aussi les non-dits, pour mieux comprendre les interactions et les dynamiques sous-jacentes.
Il conclut en disant que "le droit constitutionnel doit être compris comme englobant à la fois l’État et le pouvoir politique. Ces deux éléments sont inséparables et constituent les deux faces d’une même médaille. L’un ne peut être pleinement compris ou analysé sans l’autre".
Dans le cadre du deuxième panel axé sur "l'actualité et les répressions de la constitution de la controverse juridique sur l'objet du droit constitutionnel", le professeur Jacques Djoli, qui a développé le sous-thèmes : "la dimension tradicentrique de la pensée constitutionnelle de Djelo et Kitete", a souligné que la Constitution sert à éviter l'arbitraire du pouvoir et garantir le droit de l'homme.
"La Constitution n'est pas un jeu d'accroissement de pouvoir de x ou y. Ce n'est pas cela, mais plutôt l'âme d'un peuple", a dit le professeur Jacques Djoli.
Pour étayer sa thèse, le professeur Jacques Djoli a cité le cas de la République Sud-africaine, qui est une jeune démocratie par rapport à la nôtre, mais qui marche bien.
"Mais chez nous, les Congolais sont hostiles à toute limitation dans nos têtes. C'est le modèle colonial qui est dans la tête des Congolais", a-t-il fait remarquer.
Toujours dans ce deuxième panel, le professeur Barthélémy Omeonga a abordé le sous-thème
"'esquisse des répercussions de chacune des pensées de Victor Jean-Claude Djelo et Augustin Kitete Kekumba" tout au long de leur carrière académique.
Les deux professeurs, a-t-il ajouté, étaient de bons amis, mais opposé sur l'objet du droit constitutionnel.
Bien avant ces différentes interventions, le Recteur de l'UNIKIN a salué cette initiative aussi louable sur le plan scientifique.
Le professeur Dieudonné Kaluba a, dans sa leçon inaugurale, épinglé l'objectif de cette matinée scientifique.