Insécurité dans l'Est de la RDC : L'ONU confirme le soutien de l'Ouganda aux terroristes du M23/RDF

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Le porte-parole militaire du M23 RDF et un soldat de l'armée ougandaise à bunagana [photo d'illustration]
Le porte-parole militaire du M23 RDF et un soldat de l'armée ougandaise à bunagana [photo d'illustration]

Par Gloire Balolage 

L'insécurité dans l'est de la République démocratique du Congo prend davantage une autre dimension, avec la publication d'un nouveau rapport d'experts des Nations unies mandatés par le Conseil de sécurité. Ce rapport met en lumière le rôle que l'Ouganda joue dans le conflit opposant les forces armées congolaises aux terroristes du M23/RDF.

Malgré les condamnations de plusieurs organisations et pays occidentaux, notamment les États-Unis, la France et l'Union européenne, qui ont appelé le M23 à retirer ses troupes de la RDC, l'hypocrisie de l'Ouganda, pays voisin, est désormais manifeste. Alors que l'Ouganda semblait faire preuve de transparence avec la RDC sur cette crise sécuritaire, la réalité est tout autre.

Déjà en conflit ouvert avec le Rwanda, la RDC était pourtant réticente à le déclarer ouvertement et à ouvrir un nouveau front diplomatique. Il est désormais évident que le gouvernement congolais ne peut plus faire confiance à son voisin, l'Ouganda, en raison de cette situation.

Les autorités congolaises ne peuvent remettre en question ce rapport des experts des Nations unies. Le 22 mai, lors de son premier discours en tant que président de l'Assemblée nationale, Vital Kamerhe a consacré une partie de son allocution à la guerre dans l'est, accusant également l'Ouganda et le Rwanda comme étant à l'origine de l'insécurité croissante dans la province du Nord-Kivu.

Selon nos confrères de Radio France Internationale, le groupe d'experts démontre comment le gouvernement ougandais a laissé les terroristes du M23, soutenus par le Rwanda, transiter par l'Ouganda sans entrave. Les experts affirment que cette présence significative et visible n'aurait pas pu échapper aux services de renseignement ougandais.

Les experts des Nations unies soulignent également que des responsables du M23 se sont rendus en Ouganda. Selon le rapport, Sultani Makenga, le chef militaire du M23, aurait été repéré à plusieurs reprises cette année à Entebbe et à Kampala. Corneille Nangaa, le chef de la branche politique, aurait également séjourné un certain temps dans la capitale ougandaise.

Renforcement du soutien rwandais concernant le rôle déjà connu du Rwanda, les experts détaillent une augmentation de l'aide militaire. Le rapport mentionne qu'en janvier 2024, au moins 1 000 soldats rwandais (RDF) ont franchi la frontière à Kibumba, dans le territoire de Nyiragongo.

Les experts estiment qu'entre 3 000 et 4 000 soldats de l'armée rwandaise étaient déployés dans les territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo au moment de la rédaction du rapport. Cela représentait un nombre supérieur à l'effectif du M23, estimé à 3 000 combattants. Les soldats étaient équipés d'armements sophistiqués et de véhicules blindés équipés de radars et de missiles sol-air.

Dans le rapport, les ADF (Forces démocratiques alliées) sont qualifiées de groupe le plus meurtrier, menant des attaques principalement contre des civils dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri, en état de siège depuis trois ans déjà.

Les experts des Nations unies soulignent que de nombreuses actions décrites dans le rapport pourraient entraîner des sanctions. Ce rapport devrait servir de base de travail au comité ad hoc des Nations unies pour l'éventuelle prise de sanctions, notamment économiques, contre les acteurs impliqués dans les différents conflits.

Lundi 8 juillet 2024 - 16:15