L' État de Droit à l'épreuve de la problématique de l'orientation sexuelle en RDC : la Maison de la Laïcité de Kinshasa monte au créneau

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Les animateurs de la Maison de Laïcité en réunion à Kinshasa.
Les animateurs de la Maison de Laïcité en réunion à Kinshasa.

Par R.K

La MLK -Maison de la Laïcité de Kinshasa-, organisation de la société civile de défense de la laïcité et du vivre-ensemble ainsi que de la liberté des consciences, s'inquiète de la montée de l’intolérance envers les personnes homosexuelles et lesbiennes ou des gens soupçonnés de l’être. Cette situation est consécutive aux dernières injonctions faites par le ministre d'État en charge de la Justice au Procureur général près la Cour de cassation, d’instruire les magistrats pour réprimer les auteurs des actes homosexuels et autres pratiques. 

Tout en reconnaissant la légitimité du maintien de l’ordre public au gouvernement, cette organisation de la société civile de défense de la laïcité et du vivre-ensemble ainsi que de la liberté des consciences exhorte les autorités congolaises à tenir strictement compte des prescrits de la loi, qui, selon elle, est la seule norme qui vaille dans une République laïque, qui ne peut pas être sujette à l’ordre moral induit par la religion ou toute autre considération.

A cet effet, la MLK rappelle également l’obligation de respecter les droits constitutionnels des individus, notamment celui à la vie privée, «sans lequel l’on assisterait à la remise en cause de l’Etat de droit». 

«Il est triste de constater comment les gens se déchaînent sur les personnes supposées être gaies ou lesbiennes. Nous assistons au déclenchement d’une traque des personnes concernées de la part aussi bien de simples citoyens dans des carrefours que des agents de l’ordre, avec, à la clé, des scènes de violence comme le montrent les images qui circulent déjà à ce propos dans les réseaux sociaux. Notre rôle n’est pas de soutenir les pratiques homosexuelles bien sûr, mais nous avons l’obligation de protéger toute personne dans ses droits et sa vie privée, peu importe sa race, son ethnie, sa religion ou son orientation sexuelle», a dénoncé Danny Singoma, président de cette structure, dans un communiqué de presse publié ce vendredi 12 juillet à Kinshasa. 

Par ailleurs, la MLK demande aux autorités de condamner sans équivoque les dérives auxquelles les actes fustigés ont donné lieu, tel que le relèvent divers reportages, et qui constituent des actes inhumains et dégradants.

«Il y a, en effet, dans cette nouvelle chasse aux sorcières risque d’engrenage avec la survenue des situations incontrôlées. A ce propos, il y a lieu de rappeler que la RDC est partie à la charte africaine des droits de l’homme et des peuples, et qu’à ce titre, elle est liée par la Résolution 275 de la commission africaine. Au-delà, il y a lieu de sauvegarder autant que le vivre ensemble, en dépit de la diversité qui traverse la société. Ce, conformément à l’égalité constitutionnelle des citoyens», a renchéri Danny Singoma. 

En conclusion, cette structure convie les autorités à tenir compte des répercussions éventuelles dans d’autres domaines de la vie nationale, notamment la santé, où elle craint que cette initiative répressive soit de nature à annihiler le gain des efforts consentis dans le cadre de la lutte contre le VIH sida :«conformément à la loi du 14 juillet 2008, en reléguant une part des populations clé dans la clandestinité, ce qui constitue une condition propice à une flambée du VIH, au risque de compromettre les objectifs assignés aux programmes en la matière ».

Vendredi 12 juillet 2024 - 16:10