![Les membres de la société civile du Nord-Kivu [photo d'illustration]](/sites/default/files/styles/media_interne_1280x720/public/2024-08/IMG-20240809-WA0010.jpg?itok=Fyzbt0fM)
Par Gloire Balolage
Dans une déclaration conjointe rendue publique ce jeudi 08 août 2024, à Goma, les sociétés civiles du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l'Ituri ont exprimé leurs profondes préoccupations face à la situation sécuritaire dans l'est de la RDC -République démocratique du Congo-. Tout en saluant les efforts de médiation du Président angolais, les organisations de la société civile dénoncent, avec fermeté, les agressions répétées du Rwanda contre la RDC.
La société civile du Nord-Kivu a indiqué que la question des FDLR, souvent mise en avant par le gouvernement rwandais, n’est rien d'autre qu'un prétexte, pour justifier son agression continuelle envers la RDC. Selon cette structure citoyenne, le Rwanda a fait de cette problématique un fonds de commerce, pour camoufler le pillage systématique des ressources naturelles et minières du pays, aggravant ainsi les souffrances du peuple congolais.
"La question des FDLR est un alibi malencontreux du Gouvernement rwandais, qui en a fait son fonds de commerce, pour justifier son agression accompagnée du pillage systématique des ressources naturelles et minières de notre pays. Les estimations évoquent plus de 70.000 femmes victimes de violences et un nombre incalculable de pertes en vies humaines au sein des communautés civiles", ont-ils déclaré.
En faisant l'analogie avec des conflits passés, les acteurs de la société civile rappellent que, même si des FDLR ont été neutralisés, la violence ne faiblit pas. Beaucoup d'autres membres de ces groupes armés continuent de bénéficier du soutien du FPR -Front Patriotique Rwandais-, qui, au cours des rébellions précédentes, a mené des expéditions punitives qui ont multiplié les massacres des civils.
Cependant, malgré les opérations conjointes menées par les forces armées de la RDC et de l’Ouganda, comme l'opération SHUJAA, pour eux, la situation ne semble pas s'améliorer. Les communautés témoignent de destruction, de massacres et d'incendies qui entraînent des déplacements massifs des populations. Ils dénoncent l'attitude contradictoire de l'Ouganda, qui, tout en participant à ces opérations, soutiendrait le M23 à travers ses territoires.
Face à cette situation, la société civile appelle à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes rwandaises et ougandaises du territoire congolais. Cette exigence est décrite comme une condition préalable à toute négociation future, avec l'espoir que le gouvernement congolais reprenne le contrôle sur son territoire.
Les acteurs de la société civile lancent également un appel urgent au Président de la République. Ils l'invitent à changer de stratégie diplomatique, notamment en choisissant soigneusement des interlocuteurs maîtrisant les complexités des conflits en cours. Le risque de signer des accords qui pourraient aggraver la situation de la RDC est jugé trop gros pour être pris à la légère.
"Invitons le Président de la République, à prendre toutes les mesures possibles, pour revoir les stratégies diplomatiques : face à des spécialistes en victimisation et des fins manipulateurs rwandais, la partie congolaise devrait, désormais, déployer des hommes et des femmes qui maîtrisent parfaitement tous les méandres de ces différentes guerres, et non continuer à exposer la République par des signatures des engagements qui nous fragilisent davantage", ajoutent-ils.
L’occupation du territoire congolais par le Rwanda se renforce, et la société civile dénonce la prise de plusieurs agglomérations dans la province du Nord Kivu. Des localités stratégiques, telles que Kahira Tambi, en chefferie de Bashali, en Territoire de Masisi, mais aussi la prise des villages de Nguenda, Kiseguro, Gatwiguro, Kisharo, Buramba, Nyamilima, Buganza, Ishasha et Nyakakoma, en Territoire de Rutshuru, sont prises d'assaut, mettant davantage en lumière l'expansionnisme rwandais et les menaces qui pèsent sur la souveraineté congolaise.