
Par Don Benjamin Makolo
Profitant de son séjour à Bruxelles, l'opposant congolais Moïse Katumbi Tchapwe, président du parti politique Ensemble pour la République a accordé une interview exclusive à nos confrères de Actualité.cd, ce dimanche 13 Octobre 2024. Dans cette interview, l'ancien Gouverneur du Grand Katanga est revenu sur l'affaire qui l'oppose aux services de sécurité dans le dossier de réhabilitation illégale d'une piste de l'aérodrome à Mulonde.
Selon Moïse Katumbi, c'est un faux dossier parmi tant d'autres, dans un pays où l'État n'existe plus.
"On est habitué maintenant avec des faux dossiers dans notre pays. C'est une piste qui existe depuis 1970. On avait fermé notre camp de pêche en 1973. Et quand je suis allé là, en famille, voir la population, j’ai fait 5 heures de bateau. J'ai eu des larmes aux yeux en arrivant sur place. L'école qu'on avait laissée n'existe plus, puisque l'Etat n'existe plus chez nous. J'ai réhabilité plusieurs pistes et j'ai commencé à réhabiliter cette piste, parce qu'elle est dans une concession privée, la nôtre. Chaque année, je réhabilite la piste de Kashobwe, de Kilua, et d'autres pistes en terre, parce qu'après la saison de pluie, il faut réhabiliter. Et c'est le propriétaire, d'après la loi, qui doit le faire", lâche le président national de Ensemble pour la République.
À la question sur la demande d'autorisation préalable pour entamer les travaux d'une telle envergure, l'opposant congolais éclaire le vrai sens de la loi. "Lisez très bien la loi. On parle de modification et de construction. Ce que je fais, c'est normalement l'Etat qui devait le faire ailleurs, sur d'autres pistes. Au contraire, je devais être félicité d'avoir réhabilité la piste. Je le fais régulièrement. Demandez aux gens de Kilwa, chaque année, je réhabilite la piste. Et je n'ai jamais demandé de permission. La réhabilitation, il y a combien de pistes en terre qu'on réhabilite chaque année, après la saison des pluies dans le Nord-Kivu ? Quand vous réhabilitez, vous n'avez pas besoin de demander la permission. Et si sur la piste il y a un trou ou de l'eau, quand il faut atterrir, il faut laisser comme ça pour tuer des gens ? Il faut avoir cette volonté d'aider, il faut aimer le prochain. Quand je le fais, c'est parce que l'État est absent. Ces gens qui sont en train de mourir, ce sont des Congolais. Je le fais régulièrement, et ils viennent de temps en temps à Kashobwe pour vérifier sans les aviser", explique Moïse Katumbi.
Et le président national de Ensemble pour la République de conclure :"Je ne suis pas quelqu’un qui pleurniche. Il y a la guerre dans l’est, il n’y a pas de routes, il n’y a pas d’électricité ni d'eau, les enseignants sont en grève, l’insécurité est partout, pas une semaine ne se passe sans que n’éclate un scandale de corruption, etc. Je suis quelqu’un qui agit. Quand il y a des problèmes, je trouve des solutions. Même quand j’étais Gouverneur, aucun jour j’ai dit que ça ne va pas à cause de l’autre. J’assume ce que je fais. Je suis en train de réhabiliter cette piste pour aider mes frères congolais".
Après cette prise de langue, l'opinion attend de vive voix la réaction des autorités compétentes, pour mettre la lumière de manière définitive sur ce dossier. Ce dossier semble, en effet, prendre une autre tournure, au-delà des attentes. Et dans ce que certains analystes qualifient de bras de fer, qui fléchira ? Wait and see.