Prison centrale de Kisangani : entre faim, promiscuité et oubli, l'enfer carcéral dans l'ombre

Catégorie
Image
Prison centrale de Kisangani,  dans la province de la Tshopo [photo d’illustration]
Prison centrale de Kisangani, dans la province de la Tshopo [photo d’illustration]

Par Prehoub Urprus 

À Kisangani, derrière les murs fatigués de la prison centrale, plus de 1.300 détenus s’entassent dans un espace prévu pour en accueillir à peine 500 individus. Une réalité étouffante que César Mwimba, directeur de l’établissement, a exposée sans détour face au président de l’Assemblée provinciale de la Tshopo, Mattheus Kanga Londimo.

Dans ce huis clos, où se mêlent civils et militaires repliés de l'Est du pays, la tension est permanente. La nourriture se fait rare, les soins quasi inexistants, et l’équilibre social vacille. "Il y a un vrai malaise ici. La surpopulation, le manque de vivres, les frictions entre civils et militaires… le climat est tout simplement tendu", a lâché Mwimba, la voix chargée de lassitude.

La prison est devenue un symbole criant de l’abandon. Entre promiscuité extrême et cohabitation forcée avec des éléments issus de zones de conflit, la dignité humaine semble avoir déserté les lieux.

Face à ce tableau sombre, les réponses se font attendre. Certes, quelques gestes humanitaires ponctuent le quotidien –organisations caritatives, communautés religieuses–, mais cela ne suffit pas à compenser les défaillances d’un système censé prendre en charge ces vies oubliées.

En réponse, Mattheus Kanga Londimo s’est engagé à faire remonter l’alerte. Reste à voir si l’écho portera jusqu’aux plus hautes sphères, dans un pays où les prisons croulent souvent sous le poids de l’indifférence.

Déjà en juin dernier, la CNDH -Commission nationale des droits de l’homme- réclamait une réhabilitation urgente de cette prison. Le ministère de la Justice, lui, avait timidement tenté un désengorgement. Mais à Kisangani, la crise, elle, est restée.

Étiquettes
Lundi 7 avril 2025 - 14:14