![Un mineur dans une mine en République démocratique du Congo [photo d’illustration]](/sites/default/files/styles/media_interne_1280x720/public/2025-04/IMG-20250411-WA0000.jpg?itok=dFgSheWb)
Par Prehoub Urprus
Sous le ciel tourmenté de l'Ituri, se déroule une tragédie silencieuse. Des enfants, victimes de la misère et de la violence des groupes armés, sont engloutis par le ventre des carrières minières. Là, leur innocence s'érode au rythme des coups de pioche, leurs corps frêles soumis à une exploitation économique et sexuelle sans vergogne. Depuis trop longtemps, ce cauchemar persiste, déchirant le voile de l'enfance et alarmant les voix qui s'élèvent pour défendre leurs droits bafoués.
Sikilu Ramazani, le cœur lourd, coordonne l'ONG SEV -Sauvons les Enfants Vulnérables- dans cette partie de la RDC -République démocratique du Congo-. Pour lui, la réponse est aussi brutale que la réalité qu'il combat. "L'insécurité dévastatrice plonge les familles dans une pauvreté extrême, poussant les enfants vers les mines, où l'exploitation les attend. Dès que la paix revient fragilement, les carrières renaissent, et avec elles, le cycle infernal de l'exploitation infantile."
Mais la misère n'est pas la seule chaîne qui entrave ces jeunes vies. Un cadre du parlement d'enfants de l'Ituri révèle une autre horreur. "Des groupes armés sans scrupules enrôlent ces enfants, pour les faire travailler dans les mines qu'ils contrôlent. Pire encore, des fillettes sont contraintes de vendre leur corps aux exploitants d'or, leur innocence volée par la pauvreté et la convoitise. Des enfants de 12, 13, 14 ans… la prostitution est leur quotidien", a-t-il expliqué sous un sceau d’anonymat.
Ces enfants, les mains noircies par la poussière de minerais, sont arrachés des bancs de l'école. Sikilu Ramazani alerte : "La fréquentation scolaire chute drastiquement dans les zones minières. L'attrait des carrières est fatal à leur éducation, alimentant un analphabétisme croissant, malgré la promesse de la gratuité scolaire."
Sur les cinq territoires de la province de l’Ituri, Djugu est l'épicentre de cette tragédie. L'insécurité, ironiquement, entrave la collecte de données précises, mais les défenseurs des droits de l'enfant estiment que des milliers d'âmes innocentes sont piégées dans cet engrenage. "Rien que dans le nord de Djugu, en 2024, nous avons recensé plus de 750 enfants soumis à l'exploitation économique. Leur avenir est en lambeaux", s'indigne le coordinateur de SEV.
Des pistes de solutions existent, et les voix s'élèvent pour les faire entendre. Un membre du parlement d'enfants en Ituri insiste : "Le code minier est clair ; l'emploi des enfants dans les mines est interdit ! Son application stricte est cruciale."
Un autre défenseur renchérit : "L'État doit sévir, sanctionner les responsables des sites miniers, qui ferment les yeux sur cette exploitation. Une structure spéciale doit être mise en place, pour traquer ces enfants et les arracher à cet enfer."
Des organisations de défense des droits de l'enfant se mobilisent, tentant d'éveiller les consciences des exploitants. Mais face à la soif de profit et à la spirale de la violence, leur combat semble inégal. Combien de temps encore faudra-t-il, pour que le cri de ces enfants brisés soit enfin entendu ? L'or de l'Ituri est-il condamné à être à jamais teinté du sang et des larmes de son innocente main-d'œuvre ?