Butembo : la société civile dénonce un "marché de l’illégalité" avec des visites tarifées à la prison de Kakwangura

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L’intérieur de la prison centrale de Kakwangura à Butembo [photo d’illustration]
L’intérieur de la prison centrale de Kakwangura à Butembo [photo d’illustration]

Par Prehoub Urprus

À la prison centrale de Butembo, dans le Nord-Kivu, la solidarité familiale a désormais un prix. C’est le constat troublant dressé par la coordination urbaine de la société civile forces vives, dans un rapport de monitoring parvenu à opinion-info.cd, ce mardi 24 juin 2025.

Entre le 1er mai et le 15 juin, l’accès aux détenus n’a été possible qu’en échange de paiements informels aux agents de sécurité en poste. Le tarif officieux d’une visite ? Entre 1000 et 3000 francs congolais, selon les témoignages recueillis. Une somme modeste à première vue, mais lourde de sens dans une région où la précarité domine le quotidien.

"Ce système parallèle viole les droits fondamentaux des détenus, crée une discrimination entre les prisonniers et accentue leur isolement psychologique", s’alarme la société civile, qui évoque une forme d’extorsion institutionnalisée dans un lieu censé respecter les normes pénitentiaires de base.

Si certains y voient un moyen d’assouplir les règles carcérales en autorisant plus de visites, les défenseurs des droits humains dénoncent un commerce de l’humanité : "C’est la détresse qui est exploitée, la souffrance qui est monnayée", peut-on lire dans le rapport.

Face à ces faits jugés graves, la société civile demande des mesures urgentes à l’autorité urbaine, pour mettre fin à cette pratique. Elle interpelle aussi l’auditeur militaire de garnison : une enquête sérieuse et des sanctions exemplaires sont réclamées contre les agents impliqués.

Malgré plusieurs tentatives, aucune réaction n’a pu être obtenue de la part du directeur de la prison de Kakwangura, pourtant au centre des critiques. Le silence de l’administration contraste avec les cris des familles, qui, pour un simple regard ou une parole échangée à travers les barreaux, doivent désormais passer à la caisse.

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Mardi 24 juin 2025 - 10:29