
Tribune de Mingiedi Mbala N’Zeteke, activiste, penseur et Notable de Madimba.
Ce que je vais vous raconter aujourd’hui va réveiller la conscience collective de tous nos compatriotes.
Je suis allé récupérer ma fille Dorcas chez l’amie de sa mère à Matonge pour la raccompagner chez mon ami Roger Mwakuya à Kintambo. En passant devant l’YMCA, je lui ai demandé si elle connaissait cet endroit, donc ce bâtiment.
Elle m’a répondu : « Non, papa ! »
J’étais perdu, même éberlué, en entendant la réponse de ma fille.
Je lui ai ensuite demandé si elle connaissait la date du 4 janvier 1959. Elle a répondu : « Oui, c’est la journée des martyrs de l’indépendance. »
Alors, je lui ai montré la maison de l’ancien Président de la République Démocratique du Congo, Joseph Kasa-Vubu, et j’en ai profité pour lui expliquer ce qui s’était réellement passé ce jour-là, le 4 janvier 1959, ainsi que l’importance de l’endroit que nous venions de passer.
Ce qui m’a beaucoup choqué dans tout cela, c’est ce que j’ai vu de mes propres yeux et que je dénonce. Est-ce que vous vous rendez compte qu’au moment où je rédige cette énième tribune, on construit des locaux commerciaux devant ce bâtiment emblématique de notre indépendance ?
J’ai suivi l’allocution du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, à l’occasion du 65ème anniversaire de notre indépendance.
Il disait : « En ce jour de souvenirs et d'espérance, j'honore la mémoire de nos Pères fondateurs - Joseph Kasavubu, Patrice-Emery Lumumba - et de tous ceux qui, souvent dans l'anonymat, ont offert leur vie en sacrifice pour rendre possible l'idéal d'un Congo libre et maître de son destin. Leur courage est le socle de notre souveraineté, leur vision, le flambeau de notre avenir. »
La question que nous sommes en droit de nous poser est la suivante : comment la RDC honore-t-elle les martyrs et les pères de notre indépendance ?
J’ai plusieurs fois écrit, depuis quelques années, chaque 4 janvier, lorsque j’étais en exil en Afrique du Sud, pour rappeler au gouvernement congolais d’acheter ce bâtiment, comme il l’a fait avec la maison de Shungu Wembadio Jules, alias Papa Wemba ! Hélas ! mes demandes sont restées lettre morte ; pour ne pas dire que mes efforts se sont révélés être un coup d’épée dans l’eau… Ou comme si je criais dans un désert !
Aujourd’hui, je m'adresse directement au Président de la République par cette tribune, lui demandant de faire arrêter ces travaux et d’ordonner à la Première Ministre d’entamer des négociations avec les responsables de ce bâtiment pour l’acquérir.
Car nul n’ignore que sans les événements du 4 janvier 1959, il n’y aurait pas eu le 30 juin 1960, célébré aujourd'hui comme journée de notre indépendance. Tout cela d'autant plus que les autorités belges de l'époque étaient très réticentes à l'idée de l'indépendance du Congo ; elles ne souhaitaient même pas accorder l’indépendance aux Congolais. Il y a eu un lourd prix payé par les Congolais le 4 janvier 1959, qui a permis aux pères fondateurs d'arracher l'indépendance pour l'officialiser le 30 juin 1960 !
Alors pourquoi ne pas reconnaître, au vrai sens du mot, ce que nos pères de l’indépendance ont fait en acceptant jusqu’au sacrifice suprême et en posant des actes honorables pour immortaliser leur bravoure démontrée afin que nous puissions jouir de cette indépendance ?
J’ai commencé ma journée du 30 juin en allant visiter cet endroit emblématique qu'est le bâtiment de l’YMCA. J’y ai d'ailleurs pris des photos.
En voyant l’état de la maison de notre premier Président de la République, j’ai eu les larmes aux yeux...
Allez en Afrique du Sud, dans la ville de Johannesburg, plus précisément à Soweto ; vous verrez comment la maison de Nelson Mandela est bien conservée jusqu'à ce jour. C'est un vecteur touristique, car elle est inscrite parmi les patrimoines touristiques du pays.