
Par Serge Mavungu
La RDC -République démocratique du Congo- poursuit ses efforts pour sortir de la liste grise du GAFI -Groupe d’Action Financière-, dans laquelle elle a été inscrite en octobre 2022, en raison de "déficiences stratégiques" dans la lutte contre les blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. C’est ce qu’a affirmé Adler Kisula, Secrétaire Exécutif de la CENAREF -Cellule nationale des renseignements financiers-, lors d’un point de presse tenu mardi 01 juillet 2025, au Salon Congo de l’hôtel Pullman, à Kinshasa.
L’inscription de la RDC sur cette liste découle d’une évaluation menée par le GABAC -Groupe d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique Centrale-, qui avait mis en lumière d’importantes lacunes dans les dispositifs nationaux de lutte contre les flux financiers illicites.
Depuis, la CENAREF pilote un plan d’action visant à satisfaire les exigences du GAFI, avant l’échéance d’octobre 2025.
"La RDC a pris des engagements fermes, avec le soutien du Gouvernement à son plus haut niveau", a déclaré Adler Kisula, Secrétaire exécutif de la CENAREF.
Sur les 23 actions exigées par le GAFI pour sortir de la liste grise, la RDC en a déjà réalisé 13, soit 56,52 %. Huit autres sont en cours de mise en œuvre, tandis que deux restent à engager. Parmi les avancées notables figurent l’adoption de la loi contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, la finalisation du rapport national d’évaluation des risques -ENR-, et l’élaboration d’une stratégie nationale en la matière.
Le pays a également désigné la CENAREF comme autorité de régulation des professions non financières désignées -EPNFD-, pour renforcer
les capacités des autorités de supervision [CENAREF, Banque centrale du Congo, ARCA] et lancer des campagnes de sensibilisation à l’utilisation de la plateforme CONASAFIC.
D'autres actions sont en cours, notamment la correction des faiblesses techniques identifiées dans plusieurs recommandations du GAFI, l’attente de promulgation d’un projet de modification de la loi de décembre 2022, le lancement de missions de contrôle, et la collecte de données statistiques sur les enquêtes et poursuites judiciaires liées au blanchiment d'argent.

L’inclusion de la RDC sur la liste grise du GAFI a également entraîné son inscription automatique sur la liste noire de l’Union européenne, avec des conséquences majeures : désintérêt des investisseurs, restrictions d’accès aux marchés financiers, difficultés de rapatriement ou de transfert de fonds, baisse des réserves de change et instabilité économique.
"Si d’ici octobre 2025, la RDC ne parvient pas à sortir de cette liste, le risque est réel d’être basculée sur la liste noire du GAFI", a averti Adler Kisula. Un scénario qui exposerait le pays à un isolement financier et diplomatique, comparable à celui subi par des pays comme l’Iran, la Corée du Nord ou le Myanmar.
Pour éviter un tel isolement, le secrétaire exécutif de la CENAREF appelle à une mobilisation de tous les acteurs publics comme privés. La lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme ne peut réussir sans l’implication de l’ensemble des parties prenantes.