![Lycée Mpiko, l’une des écoles catholiques dans la ville de Kinshasa [photo d’illustration]](/sites/default/files/styles/media_interne_1280x720/public/2025-07/IMG-20250716-WA0084.jpg?itok=7AVAUYkm)
Par Prehoub Urprus
Les écoles conventionnées catholiques de la République démocratique du Congo se désolidarisent de la circulaire ministérielle autorisant le maintien des filles enceintes dans les établissements scolaires. Dans une note adressée à ses structures décentralisées, la Coordination nationale des ECCATHs -Écoles conventionnées catholiques- rappelle que cette directive ne s’applique pas à ses institutions scolaires, conformément aux dispositions spécifiques de leur convention avec l’État congolais.
Dans une correspondance datée de ce mercredi 16 juillet 2025, le secrétaire de la Commission épiscopale pour l’Éducation chrétienne, l’abbé Emmanuel Bashiki, précise que "l’article 5 de notre Convention, en tant qu’acquis, insiste sur la moralité et la discipline de l’élève en matière de mœurs." Par conséquent, "cette disposition de Monsieur le Secrétaire Général ne peut point opérer dans les Écoles Conventionnées Catholiques", peut-on lire dans le document.
La missive s’adresse aux coordinateurs provinciaux, diocésains et conseillers résidents des ECCATHs, en réponse à la circulaire émise par le Secrétaire général à l’Éducation nationale, laquelle autorise expressément les filles enceintes à poursuivre leur scolarité.
La position de cette structure repose également sur un argument formel : le courrier ministériel n’a pas été adressé au Coordonnateur national des écoles conventionnées catholiques, preuve, selon la coordination, qu’il n’a pas été conçu pour ces établissements.
"Toutefois, si un cas de grossesse arrive à une élève, veuillez charitablement l’orienter vers les écoles des gestionnaires auxquels Monsieur le Secrétaire Général s’adresse", recommande l’abbé Bashiki à ses collaborateurs.
Cette réaction traduit un refus poli mais ferme d’adhérer à une mesure gouvernementale, qui, selon les catholiques, entre en contradiction avec l’exigence morale et la ligne éducative propre aux écoles catholiques.
Cette prise de position intervient dans un contexte où la question de la scolarisation des adolescentes enceintes suscite un vif débat éthique, social et religieux en RDC. Si le Gouvernement met en avant le droit à l’éducation pour toutes les filles sans discrimination, les écoles conventionnées catholiques, elles, invoquent des principes moraux contenus dans leur accord spécifique avec l’État congolais.
Le débat est donc loin d’être clos, et cette divergence pose la question plus large de l’harmonisation des politiques éducatives dans un pays où coexistent écoles publiques, privées et conventionnées aux approches parfois divergentes.