
Par Serge Mavungu
Face à la résurgence des conflits armés et à la crise multidimensionnelle qui secoue la République démocratique du Congo (RDC), les principales confessions religieuses du pays ont présenté, dans un communiqué officiel, une initiative ambitieuse et structurée pour la paix, la réconciliation nationale et le renforcement de l’unité nationale.
La Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), l'Église du Christ au Congo (ECC), la Plateforme des Confessions Religieuses et la Coalition Interconfessionnelle pour la Nation (CNI) ont lancé un appel solennel aux autorités congolaises, aux acteurs politiques et à la communauté internationale en faveur de la mise en œuvre d’un processus national et inclusif de paix, articulé autour d’une feuille de route en quatre étapes majeures.
Le communiqué exprime une vive inquiétude face à l’aggravation de la situation sécuritaire, marquée notamment par les affrontements impliquant le groupe armé AFC/M23, soutenu selon les signataires par le Rwanda, et par la présence persistante de groupes armés sur le territoire congolais.
Dans ce contexte, les leaders religieux affirment leur engagement à promouvoir le pardon, la réconciliation et l’inclusivité, en conformité avec l’article 63 de la Constitution et les valeurs chrétiennes, à travers une réponse qu’ils qualifient de pastorale et prophétique.
Cette première étape vise à décrisper le climat politique et à favoriser la confiance mutuelle. Elle s’appuiera sur des activités spirituelles telles qu’un culte œcuménique national, y compris dans les zones contrôlées par les groupes armés, ainsi que sur une série de plaidoyers politiques et diplomatiques pour encourager un cessez-le-feu effectif et l’engagement des différentes parties prenantes.
Les objectifs incluent la réconciliation communautaire, la guérison de la mémoire collective et la création d’un environnement pacifique propice au dialogue national.
Prévu comme une plateforme technique, ce dialogue rassemblera des universitaires, des chercheurs, des experts nationaux et de la diaspora, pour élaborer des feuilles de route sectorielles pour le développement et le redressement du pays. Huit thématiques prioritaires ont été retenues, dont la défense nationale, la gouvernance économique, l’environnement, la démocratie, les droits humains et la coopération régionale.
Cette troisième étape, qualifiée de "point culminant" du processus, aura pour objectif d’aboutir à un consensus national autour des conclusions des travaux d’experts. Elle réunira les principales forces vives du pays : majorité, opposition (armée et non armée), société civile, chefs coutumiers, diaspora et intellectuels, dans un cadre structuré et sécurisé. Un mécanisme de répartition équitable des quotas garantira l'inclusivité du dialogue.
Enfin, un Secrétariat Technique coordonnera la préparation d'une Conférence internationale sur la paix et le bien-vivre ensemble dans les Grands Lacs, ainsi qu’une Conférence internationale sur le financement post-conflit de la reconstruction de la RDC.
Les confessions religieuses exhortent le chef de l’État à prendre des actes officiels pour lancer ce processus dans les plus brefs délais, conformément à son rôle de garant de l’unité nationale (article 69 de la Constitution). Elles appellent également les partenaires internationaux à soutenir de manière sincère et constructive cette initiative.
L’objectif affiché est clair : construire un Congo uni, stable et réconcilié à l’horizon 2060, année du centenaire de l’indépendance. "Rien n’est impossible à ceux et à celles qui, dans la prière, demandent à Dieu de les transformer en artisans de paix et en bâtisseurs de relations non violentes, solidaires et fraternelles", concluent les signataires du communiqué.