![La ville de Goma [photo d'illustration]](/sites/default/files/styles/media_interne_1280x720/public/2025-08/IMG-20250829-WA0019.jpg?itok=f79IbcQt)
Par Gloire Balolage
À quelques jours de la rentrée scolaire prévue le lundi 1er septembre 2025, les familles à Goma, chef-lieu de la province du Nord-kivu, dans l’est de la RDC -République démocratique du Congo-, font face à une réalité alarmante. La crise économique persistante, aggravée par la fermeture prolongée des banques, plonge de nombreux ménages dans une précarité profonde, au point de compromettre la scolarisation de leurs enfants.
Dans plusieurs quartiers de Goma, la situation est tendue. La rentrée approche à grands pas, mais beaucoup de parents peinent à réunir le strict minimum pour envoyer leurs enfants à l’école. Lors d’un reportage réalisé ce vendredi 29 août, la détresse des familles était palpable. «Je ne sais pas comment je vais faire», confie un père de famille, la voix pleine d’inquiétude. «J’ai cinq enfants à scolariser lundi, mais je n’ai même pas pu acheter un seul stylo», poursuit-il.
Un autre parent, rencontré dans le centre-ville, dresse un tableau similaire : «Sur mes quatre enfants, seuls deux ont leurs fournitures. Je suis dépassé par la situation. Il n’y a pas de travail, les banques sont fermées, comment peut-on vivre ainsi ?» Ces témoignages illustrent le malaise général et l’impuissance de nombreux citoyens face à l’absence de services financiers de base.
La fermeture des institutions bancaires depuis plusieurs mois a considérablement ralenti la circulation de l’argent dans la ville. Sans possibilité de retirer leurs fonds, de nombreux habitants se retrouvent dans l’incapacité de faire face à leurs obligations, notamment celles liées à l’éducation de leurs enfants. «Il est urgent que le gouvernement rouvre les banques», plaide un commerçant du quartier Katindo, qui appelle également à une réduction des frais scolaires.
Au-delà des problèmes financiers des familles, certains enseignants eux-mêmes sont affectés par le non-paiement de leurs salaires. Une situation qui risque de compromettre la qualité de l’enseignement à la veille de la rentrée. «Comment voulez-vous que les enseignants fassent leur travail avec motivation, s’ils ne sont pas payés ?», s’interroge une mère de famille, inquiète pour l’avenir de ses enfants.
Le contexte économique à Goma reste particulièrement préoccupant. En plus de la fermeture des banques, plusieurs institutions publiques et privées fonctionnent au ralenti, voire sont à l’arrêt. Le chômage touche une large partie de la population active, réduisant davantage le pouvoir d’achat des familles. Ce climat de précarité rend difficile l'accès aux biens de première nécessité, y compris le matériel scolaire de base.
Les fournitures telles que les cahiers, stylos, cartables, uniformes ou souliers deviennent des produits de luxe pour de nombreux ménages. Pourtant, la gratuité de l’enseignement primaire décrétée par le gouvernement ne suffit pas à soulager les parents, qui doivent toujours supporter plusieurs coûts indirects liés à l’éducation.
Alors que l’éducation devrait être un droit pour tous les enfants, la réalité sur le terrain montre un risque grandissant d’exclusion scolaire. À Goma, sans un soutien urgent des autorités et la prise en compte des revendications sociales, plusieurs milliers d’élèves pourraient être contraints de rester à la maison dès ce lundi, alors qu'ils attendent avec impatience de retourner à l’école.