Sud-Kivu : HRW accuse l’Armée congolaise et ses alliés Wazalendo d’exposer les civils à Uvira

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Un militaire congolais tente de calmer des manifestants en colère qui réclament le départ du général Olivier Gasita à Uvira.
Un militaire congolais tente de calmer des manifestants en colère qui réclament le départ du général Olivier Gasita à Uvira.

Par Prosper Buhuru

Human Rights Watch a dénoncé, ce lundi 15 septembre 2025, des abus graves commis à Uvira par les miliciens Wazalendo et par l’Armée congolaise. L’organisation internationale estime que ces violations mettent directement en danger des populations civiles déjà coincées entre plusieurs forces armées.

Les Wazalendo, qui se présentent comme des "patriotes" et luttent contre le M23-AFC soutenu par le Rwanda, sont alliés aux FARDC -Forces armées de la République démocratique du Congo-. Dans la région d’Uvira, leurs exactions ciblent principalement les membres de la communauté banyamulenge, accusés de liens avec le M23-M23-AFC. HRW rapporte des cas de harcèlement, d’enlèvements, de restrictions d’accès à l’eau et aux services essentiels, ainsi que des violences entraînant des morts.

Le rapport cite notamment des tirs de Wazalendo ayant provoqué la mort d’un enfant de 8 ans le 5 septembre, ainsi qu’une intervention des FARDC le 8 septembre contre des manifestants non armés opposés au déploiement du général Olivier Gasita, membre de la communauté banyamulenge, qui a fait un autre enfant mort et plusieurs blessés, dont une fillette de 11 ans. Des barrages routiers installés par les Wazalendo vers la frontière burundaise ont également empêché la fuite de civils, alors que le corridor est vital pour les approvisionnements du Burundi.

"La situation qui se dégrade au Sud-Kivu reflète une dangereuse combinaison d’échecs de gouvernance, de tensions ethniques et de méfiance entre les forces armées et leurs alliés", explique Clémentine de Montjoye, chercheuse senior pour l’Afrique à HRW. L’organisation déplore que l’Armée congolaise continue de fournir armes, munitions et soutien financier aux Wazalendo, et souligne que ceux qui facilitent ces pratiques pourraient être considérés comme complices de crimes.

Le rapport attire également l’attention sur la montée des discours discriminatoires et des attaques ciblant les Banyamulenge. HRW appelle les autorités congolaises à condamner publiquement ces actes, à cesser le soutien militaire aux Wazalendo et à poursuivre en justice tous les responsables de violations des droits humains.

Depuis janvier 2025, plus de 70.000 réfugiés congolais ont fui vers le Burundi, où des centaines ont été récemment arrêtés et contraints de regagner le Congo ou de rejoindre des camps. Cette situation illustre, selon HRW, la vulnérabilité persistante des civils, pris entre les affrontements et la manipulation des identités ethniques.

"Les civils dans l’est du Congo sont pris en étau entre plusieurs forces armées et groupes rebelles, sans réelle protection", conclut Clémentine de Montjoye. "Le gouvernement congolais doit garantir leur sécurité, mettre fin aux discriminations et traduire en justice les auteurs d’abus."

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Lundi 15 septembre 2025 - 10:38