Par Prosper Buhuru
Le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général de l’ONU et Coordonnateur humanitaire en République démocratique du Congo, Bruno Lemarquis, tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme face à l’ampleur et à la durée exceptionnelle de la crise humanitaire qui frappe le pays. Selon lui, cette tragédie, qui dure depuis trois décennies, reste l’une des plus graves et des moins médiatisées au monde.
"Cette crise humanitaire, moi je l'appelle toujours la plus prolongée au monde puisqu'elle a à peu près 30 ans. Une crise aux proportions épiques parce qu'on parle en dizaines de millions de personnes qui sont touchées", a déclaré Bruno Lemarquis dans une interview accordée à DW. Il regrette que cette situation soit souvent "négligée au niveau politique et médiatique", estimant qu’elle est "parfois tolérée" alors qu’elle cause d’immenses souffrances humaines.
Selon les chiffres de l’OCHA, plus de 21 millions de personnes ont aujourd’hui besoin d’aide humanitaire en RDC, dont près de 6 millions de déplacés internes et environ 1 million de réfugiés dans les pays voisins. La prise de Goma et de Bukavu par les rebelles du M23-AFC en début d’année n’a fait qu’aggraver cette crise déjà dramatique.
Bruno Lemarquis souligne également que les femmes et les filles sont les premières victimes de cette situation prolongée : "C’est une crise essentiellement de protection. Ce sont elles les premières victimes."
Il alerte notamment sur les conséquences des coupures financières qui réduisent la capacité d’intervention des acteurs humanitaires : "Il y a une rupture de l’approvisionnement en kits de prophylaxie post-viol. C’est un impact direct des coupures budgétaires sur les femmes et les filles."
Malgré la détermination des partenaires humanitaires à répondre aux besoins, la rareté des ressources et la complexité du contexte sécuritaire limitent considérablement les interventions. Pour le Coordonnateur humanitaire, il est urgent que la communauté internationale accorde une attention renouvelée à la RDC, "où une crise aussi longue ne devrait jamais être acceptée comme une normalité".