Par la rédaction
Alors que l’Organisation des Nations Unies célèbre son 80e anniversaire, l’attention se tourne vers l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), où la Mission de l’ONU pour la stabilisation du pays (MONUSCO) est censée protéger les civils. Cependant, sur le terrain, la réalité est bien différente des discours officiels. La violence perdure, les populations fuient, et les accusations de complicité ou d’inaction des Casques bleus se multiplient.
Créée pour stabiliser un pays meurtri par des décennies de conflits, la MONUSCO est aujourd’hui perçue comme un symbole d’impuissance. Malgré un mandat clair de protection des civils, les attaques du groupe armé M23/AFC se poursuivent dans le Kivu, laissant des milliers de personnes vivre dans la peur. Les critiques s’accumulent : pour beaucoup de Congolais, la mission onusienne n’a pas réussi à prévenir les massacres ni à désarmer les milices qui ravagent la région.
Depuis plusieurs années, la colère gronde parmi la population. Des mouvements citoyens, lassés de l’insécurité et du sentiment d’abandon, exigent le départ pur et simple de la MONUSCO. Des manifestations parfois violentes ont éclaté, traduisant un ras-le-bol général. Même le gouvernement congolais, longtemps allié de la mission, a fini par cautionner cette demande, reconnaissant l’échec de l’ONU à ramener la paix. Pourtant, malgré cela, le gouvernement n’a pas demandé son départ.
Face à cette contestation, la MONUSCO a entamé une transition vers un désengagement progressif. Des retraits ont déjà eu lieu, notamment dans le Sud-Kivu, et certaines de ses tâches sont désormais transférées au gouvernement congolais et à d’autres partenaires. Mais pour de nombreux observateurs, ce retrait sonne davantage comme un aveu d’échec que comme une victoire diplomatique. L’ONU semble se retirer sans avoir accompli sa mission.
Depuis 1960, l’organisation n’a cessé d’affirmer son soutien à la RDC, promettant d’y construire la paix, de protéger les droits humains et de promouvoir un avenir durable. Pourtant, 65 ans plus tard, la situation reste dramatique. L’est du pays demeure en proie aux groupes armés, les violences sexuelles se multiplient et des millions de personnes survivent dans des conditions inhumaines. L’ONU, censée protéger les plus vulnérables, paraît absente.
Alors que les responsables onusiens vantent les mérites d’un « multilatéralisme plus efficace et plus proche des aspirations du peuple », les réalités de terrain témoignent d’une déconnexion totale entre les discours et les faits. La MONUSCO, devenue un acteur controversé, incarne aux yeux de nombreux Congolais la lenteur bureaucratique et l’inefficacité d’une institution incapable de s’adapter aux réalités africaines.
L’appel à la réforme est désormais unanime. La RDC, comme plusieurs États membres, plaide pour un renforcement des Nations Unies et une réforme du Conseil de sécurité afin de rendre l’organisation plus représentative et plus efficace. Cependant, ces appels restent souvent lettre morte, étouffés par les rivalités de puissance et les lenteurs diplomatiques.
Au-delà de la RDC, les échecs de l’ONU se répètent. Les crises à Gaza, en Ukraine, au Soudan ou en Birmanie illustrent une impuissance mondiale. Partout, l’organisation semble dépassée, paralysée par le veto des grandes puissances et incapable d’imposer la paix qu’elle promet depuis 1945. Huit décennies après sa création, l’ONU apparaît comme une institution vieillissante, prisonnière de son propre système.