Par Serge Mavungu
La Première Ministre de la République démocratique du Congo, Judith Suminwa Tuluka, a présidé, ce jeudi 20 novembre 2025, à Genève, au Centre pour le Dialogue Humanitaire Henri Dunant, une réunion de haut niveau réunissant les plus grandes entreprises minières mondiales, des acheteurs internationaux et plusieurs acteurs clés des chaînes d’approvisionnement issues de l’Est du pays. Entourée du ministre de la Justice et du ministre des Mines, elle a conduit des discussions axées sur la transparence, la lutte contre la contrebande et la sécurisation des revenus miniers.
Cette rencontre s’inscrit dans une stratégie plus large portée par le Président Félix Tshisekedi, qui a annoncé récemment un plan d’urgence de 5 milliards USD pour la reconstruction du Nord-Kivu et du Sud-Kivu lors de la Conférence de soutien à la paix et à la prospérité organisée par la France en coordination avec le Togo. La mise en œuvre de cet ambitieux programme est une priorité du Gouvernement Suminwa, qui travaille à créer un environnement politique, sécuritaire et économique propice à sa concrétisation.
Au cœur des échanges de Genève, les participants ont examiné la mise en place d’un mécanisme renforcé de traçabilité des minerais, depuis le site d’extraction jusqu’à l’exportation, afin de mettre un terme à la contrebande des minerais "3T" vers les pays voisins. Cet effort, aligné sur les objectifs du Cadre d’Intégration Économique Régionale, vise à empêcher que le commerce illicite ne continue de financer des éléments armés actifs dans la région.
À l’issue des discussions, le ministre des Mines, Louis Watum Kabamba, a dénoncé les pratiques opaques qui fragilisent l’économie nationale et freinent la paix dans l’Est du pays. Il a insisté sur la nécessité de conjuguer les efforts entre État, investisseurs et partenaires techniques pour appliquer strictement les normes internationales.
"Il est temps d’arrêter cette hypocrisie. L’effort de traçabilité et de transparence doit être collectif, du site d’extraction jusqu’à la commercialisation", a déclaré le ministre, rappelant l’existence des standards OCDE et CIRGL, tout en appelant à un engagement plus rigoureux.
Pour Alexandre Liebeskind, responsable Afrique francophone au Centre pour le Dialogue Humanitaire Henri Dunant et co-organisateur de la rencontre, cette démarche constitue une base essentielle pour bâtir une "dividende de paix" durable dans la région. Il a rappelé que l’intégration économique régionale doit rendre la paix plus rentable que la guerre, en transformant les minerais congolais en un puissant levier fiscal capable de financer les infrastructures essentielles au développement du pays.
Cette réunion de Genève marque une étape importante vers une harmonisation des standards de traçabilité et une réforme profonde du secteur minier. Sous le leadership de la Première Ministre, le Gouvernement entend faire des ressources du sous-sol congolais un moteur de stabilité régionale, de prospérité partagée et de financement des projets structurants inscrits dans le Programme d’actions 2024-2028, notamment dans son premier pilier qui dénonce le pillage à grande échelle des ressources du pays sur fond de conflits persistants dans la région.