![Caisse Générale d’Épargne du Congo [photo d’illustration]](/sites/default/files/styles/media_interne_1280x720/public/2025-04/IMG-20250327-WA0005.jpg?itok=2mGWupVg)
Par la Rédaction
Ce lundi 07 avril 2025 marque une étape singulière dans l’histoire récente de Goma : la réouverture officielle des activités bancaires, sous l’égide d’un communiqué signé par le directeur de cabinet du "gouverneur" de fait, représentant de la coalition M23-AFC soutenue par le Rwanda. L’annonce précise que cette relance sera opérée avec la CADECO, désignée comme "banque de famille". Mais de quelle famille parle-t-on réellement ?
À la différence des institutions bancaires classiques, la CADECO -Caisse d'Épargne du Congo- ne fonctionne pas avec les standards de transparence, de régulation ou de garanties propres aux établissements agréés par la BCC -Banque centrale du Congo-. Elle n’est pas interconnectée au réseau bancaire national, échappe au contrôle rigoureux de la Commission de Supervision Bancaire, et n’offre aucune assurance de protection des dépôts des clients. C’est une caisse, au sens le plus brut du terme, dont les règles sont dictées par le pouvoir de fait, hors de tout cadre légal reconnu.
Dès lors, les populations de Goma et de ses environs, qui, par nécessité ou par pression, s’hasarderaient à déposer leurs maigres économies dans cette structure s’exposent à un risque majeur : la dépossession pure et simple, sans aucun recours judiciaire ou institutionnel possible. Ce système, mis en place dans un contexte d’occupation, pourrait servir davantage à collecter des ressources pour alimenter un pouvoir de fait, qu’à offrir de véritables services financiers au peuple.
Mais au-delà du simple constat, l’heure est venue d’interroger les responsabilités. Comment en est-on arrivé là ? Comment, en 2025, une portion stratégique de la République peut-elle voir se mettre en place un système bancaire parallèle, sous l’œil passif du pouvoir central ? Le silence de Kinshasa face à l’ancrage progressif des structures administratives, économiques et sécuritaires du M23-AFC dans les zones sous leur contrôle, soulève des interrogations troublantes. L’État semble avoir déserté là où il devrait affirmer sa souveraineté.
Ce n’est pas seulement la légalité du système bancaire qui est en jeu, mais l’intégrité même du pays. Si l’État ne garantit plus l’unicité de son autorité économique, il abdique une part essentielle de sa raison d’être. Le peuple de Goma ne demande pas la charité ni l’assistanat; il réclame un État, au vrai sens du terme.