
Par Prehoub Urprus
Le Gouvernement congolais remet le cap sur l’agriculture. Lors du Conseil des ministres de vendredi 30 mai 2025, présidé par le chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi, à la Cité de l’Union Africaine, le ministre du Portefeuille, Jean-Lucien Bussa, a exposé un plan de relance ambitieux visant à revitaliser les entreprises publiques agricoles en sommeil.
En première ligne : le Parc Agro-industriel de Bukanga-Lonzo. Lancé à grands frais par l’État congolais, ce projet emblématique de production agricole à grande échelle est resté en panne, englué dans des controverses de gouvernance et des scandales judiciaires. Le ministre propose la création d’une commission interinstitutionnelle pour établir un état des lieux complet du site. L’objectif : évaluer la situation actuelle, clarifier la gestion financière et juridique, et construire un plan de relance basé sur des données concrètes.
"Il faut rentabiliser l’investissement déjà consenti", a martelé Jean-Lucien Bussa devant ses collègues, appelant à une approche rigoureuse et réaliste.
Deuxième dossier : Triomf RDC, filiale de la société sud-africaine Africom Agri, spécialisée dans la production d’engrais. Le ministre Bussa plaide pour un financement structuré afin de remettre sur pied cette entreprise stratégique pour la productivité agricole du pays. Fonds d’investissement, capital de roulement, trésorerie : tout devra être mobilisé pour garantir sa relance durable. Des pistes de financement innovantes seraient déjà à l’étude au sein du ministère de l’Agriculture.
Pour le Gouvernement, il y a urgence. Avec une facture annuelle d’importation alimentaire estimée à 1,5 milliard de dollars, et une offre intérieure toujours insuffisante, relancer les outils agricoles nationaux devient une nécessité économique et stratégique.
Cette volonté politique intervient dans un contexte particulier. L’ex-Premier ministre Augustin Matata Ponyo, figure centrale du lancement de Bukanga-Lonzo, vient d’être condamné à dix ans de travaux forcés pour détournement de fonds publics liés à ce projet. Ses coaccusés, Déogratias Mutombo, ex-gouverneur de la Banque centrale, et Christo Grobler, dirigeant d’Africom, ont écopé chacun de cinq ans. En tout, plus de 200 millions de dollars se seraient volatilisés dans cette affaire initiée sous la présidence de Joseph Kabila.
Désormais, les regards sont tournés vers l’avenir. Et le Gouvernement entend bien transformer les erreurs du passé en levier de relance pour l’agriculture congolaise.