Nord-Kivu : l’Union Européenne impose un cacao et un café “zéro déforestation”, un enjeu vital pour accéder à un marché stratégique

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Par Denise Kyalwahi

À quelques mois de l’entrée en vigueur de sa nouvelle réglementation, l’UE -Union Européenne- multiplie les initiatives pour sensibiliser les pays producteurs de cacao et de café, dont la RDC -République démocratique du Congo-. À partir du 30 décembre 2025, tout produit agricole destiné au marché européen devra être certifié sans lien avec la déforestation, faute de quoi il sera privé d'accès à l’UE.

Dans ce contexte, une délégation de l’UE séjourne à Beni, au Nord-Kivu, à l’invitation des autorités provinciales. L’objectif : informer, former et préparer les acteurs de la chaîne de valeur –producteurs, transformateurs et exportateurs– aux nouveaux standards européens liés à la traçabilité, à la protection de l’environnement et au cadre foncier.

La mission, conduite par madame Alphonsine Kaswera, directrice du secteur ONAPAC-Beni, a été reçue, ce mercredi, par le maire de la ville, le commissaire supérieur principal Jacob Nyofondo Te-Kodale.

Au cours des échanges, la délégation européenne a insisté sur la nécessité de mettre en place un système de traçabilité rigoureux, pour garantir l’origine légale des produits, identifier clairement les propriétaires des plantations, et s’assurer que le cacao et le café ne proviennent d’aucune zone récemment déboisée, y compris dans les systèmes agroforestiers.

> « Il ne s’agit pas seulement de normes environnementales, mais d’un véritable enjeu commercial pour les producteurs congolais. Sans conformité à ces exigences, les exportations vers l’UE seront compromises », a rappelé Joël Marthin, représentant de l’Union Européenne, à l’issue de la rencontre.

Un enjeu commercial majeur pour la RDC

Le marché européen représente aujourd’hui l’un des débouchés les plus importants et les plus lucratifs pour les produits agricoles congolais. L’UE est non seulement un partenaire historique de la RDC, mais aussi l’un des rares marchés où les produits respectant les critères durables peuvent obtenir une plus-value économique significative. Pour un secteur cacao-café congolais encore en relance, se conformer aux exigences de l’UE constitue une opportunité unique de redorer son image, de gagner en compétitivité et d’attirer de nouveaux investisseurs.

Dans une province comme le Nord-Kivu, où l’agriculture représente une source essentielle de revenus pour des milliers de familles, la perte d’accès au marché européen pourrait avoir des conséquences économiques et sociales importantes. À l’inverse, le respect des normes « zéro déforestation » peut ouvrir la voie à des filières certifiées, éthiques et rentables, capables de répondre à la demande croissante des consommateurs européens, soucieux de l’impact environnemental de leur alimentation.

Ce message fort de l’UE appelle à une mobilisation immédiate des autorités, des coopératives et des producteurs, pour aligner les pratiques locales aux normes internationales, et ainsi assurer l’avenir du cacao et du café congolais sur les marchés mondiaux.

Jeudi 24 juillet 2025 - 11:24