Butembo–Lubero : la chute du prix du cacao aggravée par une insécurité qui paralyse la récolte

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Par Denise Kyalwahi 

La résurgence de l’insécurité dans plusieurs villages de la chefferie de Baswagha et du secteur des Bapere, en territoire de Lubero, fragilise profondément la filière cacao. Entre attaques meurtrières, déplacements massifs et peur permanente, producteurs et commerçants peinent à maintenir une activité agricole déjà fragilisée. L’Union des Négociants des Produits Agricoles au Congo (UNEPROAC), basée à Butembo, appelle les autorités à une action urgente pour restaurer la paix.

Cette alerte a été lancée ce lundi 24 novembre 2025 par sa secrétaire permanente, KAHINDO Merveille, au cours d’une interview accordée à Radio Elimu, La Voix de l’UOR.

Cependant, un climat de peur qui freine l'accès aux champs. Selon KAHINDO Merveille, plusieurs villages clés dans l’approvisionnement de Butembo en cacao — notamment Vuyinga, Mayeba, Katanga et d’autres localités voisines — subissent une insécurité grandissante marquée par des massacres de civils attribués aux groupes armés actifs dans la zone.

« Le cacao est disponible sur le marché, mais le problème se trouve dans les milieux de provenance. C’est là où l’on est en train de massacrer les gens », alerte-t-elle, précisant que beaucoup de producteurs risquent leur vie pour atteindre leurs champs.

La peur de nouvelles attaques freine les activités agricoles et limite considérablement la quantité de produits récoltés et acheminés vers les centres de négoce.

Un prix en baisse malgré la rareté bouleverse le marché 

Alors que l’insécurité complique la récolte et le transport, le prix du cacao sur le marché de Butembo reste paradoxalement bas.

Un kilogramme se vend actuellement entre 6 500 et 7 000 francs congolais, une baisse significative pour les agriculteurs qui, malgré les risques, tentent de préserver leurs moyens de subsistance.

KAHINDO Merveille plaide pour une intervention rapide de l’État afin de protéger les cultivateurs et stabiliser la filière :

« Quelqu’un veut se diriger au champ, malheureusement il sera abattu. Qu’on nous apporte la paix. Lorsque la paix reviendra, tout ira de soi. »

Elle encourage par ailleurs les agriculteurs à rester vigilants et à bien évaluer la situation sécuritaire avant de se rendre aux champs.

La région a connu quatre jours de violences meurtrières. Rappelant que que des terroristes de l’ADF ont mené des attaques sanglantes entre le mardi 18 et le mercredi 19 novembre 2025 dans les environs de Vuyinga, causant au moins 46 morts en seulement quatre jours, selon les sources locales.

Ces violences ont provoqué un déplacement massif des habitants de Makoko et Muhangi vers des zones jugées plus sûres, indique Vianney Kitswamba, président du comité de protection communautaire en chefferie de Baswagha. Des situations similaires ont été signalées dans plusieurs localités du secteur des Bapere.

Cette filière agricole reste menacée en RDC. Si aucune solution n’est rapidement apportée, la région risque non seulement une pénurie future, mais aussi un affaiblissement durable de l’économie locale, le cacao étant l’une des principales cultures de rente du territoire de Lubero.

Les acteurs du secteur appellent à une réponse sécuritaire forte et coordonnée, afin de préserver les vies humaines, mais aussi de sauver la production agricole dont dépendent des milliers de familles.

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Mardi 25 novembre 2025 - 11:06