Procès Lumbala à Paris : un ancien combattant décrit son parcours forcé et les rapports de commandement

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Cour d’assises de Paris [photo d’illustration]
Cour d’assises de Paris [photo d’illustration]

Par Prosper Buhuru

Les audiences du procès de Roger Lumbala ont repris, ce lundi 24 novembre 2025, devant la Cour d’assises de Paris, malgré l’absence persistante de l’accusé. Au cœur de la séance : le témoignage d’un ancien militaire présenté par le ministère public, appelé à retracer son parcours au sein des forces actives lors des affrontements de Bafwasende.

Âgé de 47 ans, ce témoin, dont l’identité est tenue confidentielle, a expliqué avoir rejoint les troupes liées à Roger Lumbala dans un contexte qu’il décrit comme contraint. Interrogé par le président de la Cour sur son passage du RCD-KML au RCD-N, il a répondu dans un propos saisissant : "Nous étions presque comme des prostitués", évoquant une absence de véritable choix dans les alignements imposés par la guerre.

Revenant sur son itinéraire, il affirme avoir basculé vers le RCD-N après un déplacement en Ouganda pour raison de santé. À son retour, dit-il, son origine géographique a suffi pour déterminer son affectation.

"On m’a demandé d’où je venais. J’ai dit : Bafwasende. On m’a alors placé entre les mains de Lumbala", a-t-ilexpliqué.

Selon lui, les fonctions qu’il a ensuite assumées au sein du mouvement relevaient davantage de la sphère politique : il déclare avoir occupé le poste de ministre des Sports et de la Jeunesse du RCD-N.

Le témoin a également évoqué la chaîne de commandement telle qu’il l’a perçue durant cette période. Il affirme que plusieurs figures, dont le général Constant Ndima et Didi Widi Masamba, surnommé le roi des imbéciles, agissaient dans un dispositif reliant notamment Jean-Pierre Bemba et Roger Lumbala. Dans sa version des faits, la structure nécessitait "une branche armée" pour mener les opérations sur le terrain.

Roger Lumbala, poursuivi pour crimes contre l’humanité, a toujours rejeté toute responsabilité directe dans la conduite des forces du RCD-N, renvoyant les charges vers Jean-Pierre Bemba. Mais ce témoignage, qui mêle parcours personnel, loyautés contraintes et perception interne de la chaîne de commandement, constitue l’un des premiers éléments détaillés abordés depuis l’ouverture des débats.

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Mardi 25 novembre 2025 - 07:37